Voici la suite du récit de notre merveilleux périple autour de la Gaspésie. Vous pouvez lire la première partie ici.
Jour 5, Gaspé vers Mont-Saint-Pierre
Aujourd’hui, il semble que la prévision météo est juste. Nous quittons dans une petite bruine qui reste suspendue dans l’air, elle nous mouille mais n’imbibe pas le sol. Le résultat est que la poussière lève tout de même et la bruine la fait coller partout en une fine boue. Je dois essuyer ma lunette régulièrement pour voir la route et à la fin de la journée ma lentille est très endommagée, je devrai la changer.
En matinée, nous arrivons dans la région névralgique qui a reçu la semaine passée 150 mm de pluie en 24 heures. Nous butons sur un obstacle infranchissable, un ponceau a cédé dans le coup d’eau. Le sentier est coupé sur la largeur par une profonde crevasse. Au fond, on peut observer les débris du ponceau fait avec des planches de bois cerclées dans de la broche. Il ne date pas d’hier! En fouillant sur les cartes topographiques de son GPS, le guide nous mène vers un chemin municipal qui nous permettra de retrouver le sentier. Malheureusement, ce chemin a lui-même a été emporté par la crue et est impraticable.
Les pluies abondantes ont ravagé le secteur
Sans autre option, nous devons donc prendre la route pour contourner cette partie de sentier pour nous rendre au restaurant. Sur le bord du fleuve, il fait huit degrés et l’air humide du large me transperce les os. J’y arrive congelée et je suis heureuse de pouvoir m’y réchauffer. Cet après-midi, je m’habillerai avec ce que j’ai de plus chaud. Sur place, on nous informe que le sentier qui mène au restaurant est également coupé. C’est donc sous l’escorte de deux véhicules de la SQ que nous quittons le restaurant pour rejoindre le sentier quelques kilomètres plus loin.
Nous montons dans les montagnes et nous y croisons de grosses plaques de neige. Demain nous serons dans les Chic-Chocs, les paris sont ouverts à savoir si nous roulerons ou non dans la neige. Nous descendons vers notre hôtel situé face au fleuve vers 18 h. Le restaurant se trouve un peu plus loin et nous pourrions nous y rendre avec nos machines. La mienne est tellement sale que je ne peux vraiment pas m’en approcher avec des vêtements propres. Je ne suis pas la seule à avoir ce problème, car tous nous y allons à la marche. Délicieux repas, j’ai beaucoup apprécié.
Les machines commencent à souffrir de la semaine, nous avons eu plusieurs bris dans la journée. Le plus grave étant le châssis d’un VTT cassé. Heureusement, l’équipe trouve un garage qui pourra le réparer le lendemain à la première heure. C’est ça l’entraide de la Gaspésie!
Jour 6, Mont-Saint-Pierre vers Cap-Chat
Nous quittons plus tard ce matin, le temps est gris et la brume est bien présente. Nous avions prévu un beau moment en haut du mont Saint-Pierre, là où Benoit et moi nous sommes mariés l’an passé lors du tour 2022. On imaginait souligner notre anniversaire le temps d’une danse sur notre chanson fétiche avant de repartir. Malheureusement, dame Nature a décidé de boucher le paysage dans la brume et nous ne nous y sommes même pas arrêtés.
Nous traversons les Chic-Chocs dans un brouillard intense où chaque tournant est une surprise. La visibilité passe parfois sous les 10 mètres. Notre guide est particulièrement attentif à bien signaler le chemin à suivre. Personnellement, c’était la première fois que je roulais dans un brouillard si épais et en plus ma lunette était constamment embuée ou pleine de bruine. Cela a rendu l’expérience très spéciale, mémorable et tellement intense qu’un participant dira à la blague : « Je ne voyais plus mon volant! » En redescendant, la brume se disperse, le temps s’éclaircit et nous dînons sur le bord du lac à l’ilet qui a dû autrefois être un camping ou camp de vacances. Un bel endroit. Nous arrivons sur place en même temps qu’un pêcheur qui préparait sa canne. Lorsqu’il a vu arriver 21 quads, il a quitté, espérant sans doute avoir plus de quiétude ailleurs le pauvre.
Notre cadence est encore une fois trop rapide et notre guide nous allonge le chemin pour que nous n’arrivions pas trop tôt à Cap-Chat, notre dernier hébergement. Sur place, nous avons amplement le temps d’échanger à l’apéro et lors du repas. Le climat est tristounet, la fin approche. Certains sont plus fatigués et vont accueillir avec joie un repos bien mérité. D’autres comme moi feraient un deuxième tour à la volée.
Jour 7, Cap-Chat vers Amqui
Nous quittons l’hôtel avec un lunch pour le dîner et descendons à Cap-Chat au poste d’essence. Nous commençons à être vraiment dignes des pits stops d’une écurie de course tellement le ravitaillement de nos 21 machines sur deux pompes à essence est efficient.
Il s’agit de notre plus petite journée en kilométrage afin de permettre aux participants de retourner à la maison. La température est clémente et on pourra dire qu’il a fait très beau cinq jours sur sept. Nous dînons près d’un pont couvert à Saint-René-de-Matane et il ne reste que 50 km pour clore la randonnée. En après-midi, à une quinzaine de kilomètres d’Amqui, nous nous arrêtons une dernière fois pour se dire au revoir, car on sait qu’une fois au stationnement cela sera plus difficile. C’est déjà fini, ça a passé comme un éclair. Le bilan est 18 crevaisons, 3 coffres à réparer, 2 ailes endommagées, une fan de radiateur et 2 odomètres en panne, 3 roues de secours utilisées et un participant a quitté la randonnée pour un problème de santé.
C’est ça la Gaspésie!
J’ai revu des copains, je m’en suis fait de nouveaux, j’ai encore une fois apprécié chaque kilomètre de ce tour que j’espère pouvoir refaire encore l’an prochain. Ceux qui rendent une telle aventure possible, outre les supers organisateurs, ce sont les bénévoles de chaque club que nous avons traversé qui ont coupé les arbres, tassé les roches, réparé les ponceaux, solidifié les chemins et ouvert la route pour nous. Notre groupe a injecté environ 70 000 $ dans l’économie locale grâce à eux.
La Gaspésie est une région fantastique pour faire du quad. Nous avons droit au spectacle de la nature sauvage gaspésienne dans toute sa splendeur. Les hautes montagnes, la mer, les forêts, les vallées, les rivières cristallines et l’immensité de l’espace en mettent plein la vue. Dans la vie d’un adepte du quad, le tour de la Gaspésie est un pèlerinage incontournable.
Chantal Pelletier, Chroniqueuse
Chroniqueuse