À la suite de l’article sur les méthodes de réparation de pneus en sentier, j’ai pensé qu’il serait intéressant de vous raconter quelques cas critiques de crevaisons qui auraient pu abréger la randonnée. Cependant, comme guide, j’ai souvent réparé des crevaisons, même celles dont la réparation semblait impossible à réussir. Par exemple, il m’est arrivé quelques fois de réparer des fentes de quelques pouces et, parfois, de forme irrégulière. Généralement, nous avons toujours pu trouver une façon de se tirer d’affaire. Voici quelques histoires :
Une crevaison couplée à une jante bossée
Une de nos participantes a eu une bonne crevaison, soit une jante qui s’est crochie vers l’intérieur et qui s’est déchirée un peu en plus d’avoir une fente de trois pouces de forme irrégulière. D’abord, j’ai débossé la jante le plus délicatement possible avec le dos de la hache. Ensuite, j’ai utilisé la combinaison des deux méthodes de réparation pour colmater le tout, soit la pose d’une « Sidewall Slug » au milieu et des mèches aux deux extrémités. L’idée est de solidifier la fente tout en colmatant la fuite d’air. La participante a pu retourner à son stationnement à plus de 100 km sans devoir ajouter de l’air en cours de trajet.
Une bonne fente sur le flanc du pneu !
J’ai aussi vécu une autre situation pour une autre de nos participants, une fente de 2,5 pouces du côté intérieur du pneu. Comme c’est une belle fente et qu’elle est perpendiculaire à la jante, j’ai posé six mèches une à côté de l’autre. Le tout s’est bien tenu pendant plus de 350 km. Il n’aurait pas été possible d’utiliser le « Sidewall Slug » uniquement car la longueur de la fente était trop grande. De plus, ce qui a aidé, c’est qu’il s’agissait d’un pneu à six plis, c’est-à-dire que la structure du pneu est plus rigide qu’un pneu à deux plis, ce qui aide au maintien des mèches.
Une bonne déchirure ovale
Parfois, la réparation peut être trop difficile ou impossible, par exemple, un trou ovale déchiré de trois pouces de diamètre, probablement causé par un impact sur l’extrémité de la branche en traversant dans l’eau. On avait des roues de secours dans le groupe; dans ce cas-ci, il était plus rapide et judicieux de carrément remplacer la roue. Toutefois, si on n’avait pas eu de roue de rechange, probablement que ça aurait fonctionné avec les rustines « Gluetread ». Sinon, j’aurais refermé le caoutchouc, ensuite j’aurais mis deux « Sidewall Slug », un de chaque côté de la longueur de la déchirure et des mèches à l’extrémité pour colmater le tout.
Ce ne serait probablement pas entièrement étanche, mais si ça peut permettre de rouler au moins une heure avant de devoir regonfler chaque fois, c’est déjà un succès. L’objectif premier, en cas de réparation en sentier, c’est de pouvoir se rendre à la destination désirée et non pas de faire une réparation parfaite comme si on était au garage.
Réparation impossible
J’ai aussi eu un autre cas, une fente d’un pouce. Chaque fois qu’on mettait des mèches, le trou s’agrandissait. On a essayé le « Sidewall Slug », mais lors de l’insertion de la partie interne, le trou se déchirait encore plus. C’est probablement un pneu qui était à un âge avancé et qui a perdu de ses qualités ou c’est un pneu bas de gamme. On n’a rien pu y faire, on n’avait pas de roue de rechange, on a laissé le VTT proche d’un chalet et le participant a continué la randonnée en embarquant avec un autre randonneur.
Réparations temporaires ou permanentes?
L’utilisation des mèches est considérée comme une réparation temporaire. À l’opposé, la rustine ou le « Patch Plug » posé par le garage à l’intérieur du pneu est considéré comme une réparation permanente.
Les fabricants ne recommandent pas les mèches et/ou l’utilisation de la rustine sur la partie extérieure comme une réparation permanente, car ça ne permet pas de vérifier la partie intérieure du pneu. De plus, la pose de la rustine seulement à l’intérieur du pneu n’est plus recommandée car elle n’empêche pas l’infiltration d’eau et de débris par le trou de l’extérieur. Selon les modèles de pneus, il peut y avoir du métal dans le caoutchouc du pneu et ceci peut se mettre à rouiller et perdre de son efficacité.
Mon avis personnel
Personnellement, et je parle uniquement pour moi, selon les situations, je change de pneu seulement lorsque la crevaison est trop grande ou lorsqu’il y a trop de mèches dessus. En moyenne, par année, je fais environ quatre crevaisons. Parfois plus. Je circule souvent sur des sentiers qui ont un grand risque de crevaisons, soit les roches coupantes et piquantes, des débris de foresterie et de chemins de fer. S’il fallait à chaque crevaison que j’aille au garage ou que je doive changer de pneu, ce ne serait juste pas viable économiquement parlant par rapport au risque que cela amène. Il peut arriver que, à la suite d’une réparation, que l’air fuit. Lorsque ça se produit, je retire les mèches et je remets les nouvelles.
Trucs de guide
Voici quelques trucs pour vous aider à faire la réparation :
- Amenez-vous toujours au moins une bonne vingtaine de mèches.
- Assurez-vous que votre trousse de réparation est facilement accessible en tout temps et non dans le fond du coffre, sous les bagages.
- Munissez-vous d’un vaporisateur rempli d’eau savonneuse (savon à vaisselle). Cela aide beaucoup à trouver la crevaison sur un pneu grâce à la formation de bulles.
- Gonflez le pneu jusqu’à la valeur maximale indiqué sur le flanc du pneu, afin de pouvoir retracer plus facilement la crevaison, soit par le bruit de la fuite d’air ou soit par la formation de bulles.
- Un compresseur alimenté sur 12V est fortement recommandé plutôt que les bonbonnes de CO2 ou un compresseur électrique, vous ne serez pas limité par la quantité d’air ou de la longévité de la batterie.
- Un pneu décollé est très difficile à remettre mais ce n’est pas impossible. Il faut mettre au minimum deux sangles à cliquets une à côté de l’autre sur le pneu et serrer juste assez pour que le talon touche complètement l’épaulement de la jante. Par la suite, gonfler. L’idée est de bloquer la sortie d’air par le talon du pneu. Nous avons eu à utiliser cette méthode, ça n’a pas été facile mais on a fini par réussir avec beaucoup de persévérance et de patience. Lorsque vous sentez que ça commence à coller, ne pas oublier de desserrer les sangles avant de gonfler jusqu’à la valeur désirée, sinon ça peut devenir dangereux et vous pourriez vous blesser.
- Un mastic époxy à deux composantes pourrait aider à colmater la plupart des cassures de jantes.
- Si vous avez une crevaison ou une jante cassée sur un pneu arrière et que vous décidez de mettre une roue de secours, assurez-vous qu’elle est de la même dimension que la roue intacte. C’est pour éviter un stress supplémentaire sur le différentiel arrière. Dans le cas contraire, il s’agit d’échanger les deux roues avant par celles d’en arrière. Souvent, le différentiel avant est de type ouvert et donc supporte mieux une différence rotationnelle entre les deux roues du même axe.