Le Conseil canadien des distributeurs des véhicules hors route, reconnus sous l’acronyme francophone CVHR mais davantage sous l’anglophone COHV, a mandaté la firme spécialisée Ipsos pour faire un portrait de la situation des véhicules hors route sur le territoire canadien. Quand on sait que les membres du CVHR sont majoritairement les constructeurs des véhicules hors route, on comprend qu’il est du plus haut intérêt pour eux de lire le marché actuel et à venir. Le « snap-shot » obtenu est révélateur des tendances et révèle quelques surprises.
Méthodologie
Via un sondage sur internet, Ipsos a rejoint, à la fin août 2015, 2006 répondants canadiens. L’échantillonnage a été ventilé selon les règles de statistiques de façon à représenter la variété canadienne (en relation avec les données du dernier recensement) et que tous soient âgés de plus de 18 ans. Le portrait trace donc l’état de situation de la participation directe à une activité motorisée, à regarder une activité motorisée (y a-t-il un auditoire pour les compétitions d’où pertinence de faire des commandites?), à mesurer les opportunités d’expansion selon les types de véhicules hors route selon les provinces, les contraintes qui empêchent les gens d’adhérer à l’activité, les attitudes sociétales face à l’activité. L’étude a été assez large pour comprendre dans les véhicules hors route les motoneiges, motoquads, autoquads (oui, ils sont distincts), moto hors route et 4×4 de type Jeep.
Participation dans un sport motorisé
On apprend que durant la dernière année, environ 40% de la population ont fait des activités et/ou ont le désir de refaire ou de changer de type d’activité de sports motorisés dans le futur. Par conséquent, 60% n’ont aucun intérêt dans la pratique. Cependant, on peut commencer à cerner quel type d’activité intéressera les gens sur le plan canadien.
Tableau 1 -Participation dans un sport motorisé durant la dernière année
Type d’activité | Adeptes | Intéressés | Progression |
Toutes activités motorisées | 40% | 41% | +1% |
Motoneige | 29% | 23% | -6% |
motoquad | 23% | 23% | stable |
Jeep 4×4 | 16% | 22% | +6% |
Moto enduro | 10% | 21% | +11% |
Autoquad | 8% | 23% | +15% |
Ce qui signifie qu’alors 1% supplémentaire de la population canadienne pense adhérer à un sport motorisé, il y aurait migration négative du monde de la motoneige, ce sera stable du côté des motoquads et il y aurait augmentation marquée pour les motos enduros et surtout pour les autoquads, du moins dans les intentions des gens.
Sans entrer dans les détails de l’étude, voici en gros les résultats en fonction du sexe et de l’âge (mais si voulez approfondir le sujet, vous pouvez consulter le lien web sous l’article). Les intentions de la pratique du VTT restent stables selon le sexe, mais il y a augmentation des intentions d’adhésion dans la strate d’âge 18-34 ans de 7% alors que la strate 35-54 ans voit ses intentions diminuer de 6%. Pour les activités de type Jeep 4×4, motos enduro et autoquad, les opportunités d’expansion sont excellentes, car les intentions d’adhésion à ces pratiques sont en hausse d’en moyenne de 10% peu importe la strate d’âge ou de sexe. On se doute que les motoneiges écopent et que les intentions de pratique diminuent de 6%.
Géographiquement, le Québec et l’Ontario proposent la plus grande opportunité de croissance tant au niveau de la population et de la tendance.
Voici le tableau de la migration des intentions d’adhésion à la pratique du quad sur le territoire québécois :
Tableau 2 –Intention de migration de type d’activités au Québec
Type d’activité | Passée | Future | Progression |
Toutes activités motorisées | 43% | 44% | +1% |
Motoneige | 30% | 20% | -10% |
motoquad | 28% | 20% | -8% |
Jeep 4×4 | 15% | 21% | +6% |
Moto enduro | 11% | 22% | +10% |
Autoquad | 8% | 28% | +20% |
Selon les statisticiens, 40% de la population ont l’intention de continuer à pratiquer des sports motorisés dans le futur, dont 12% sont des nouveaux venus dans le paysage. De ce groupe, nous remarquons une intention de progression vers de nouvelles activités notamment du motoquad vers la moto enduro et surtout l’autoquad.
Or, ce qu’on entend des concessionnaires est que la fièvre du côte-à-côte semble s’être refroidie et qu’à tout le moins, parmi les adeptes du quad, plusieurs reviennent vers les motoquads de moyenne gamme. Que doit-on en comprendre? En fait, les répondants ont exprimé un souhait vers quelle activité ils voulaient évoluer. Entre désirer et le faire, il y a toute une marge. Les sondeurs ont demandé aux gens sondés quelles étaient les principales barrières qui les séparaient de leur désir. Le tableau ci-dessous expose les principales raisons qui empêchent les gens d’adhérer à l’activité.
Tableau 3 – Les entraves aux aspirations de pratiquer des sports motorisés
Raisons | Global | 18-34 ans |
Les moyens financiers | 68% | 67% |
Avoir des amis pour rouler en groupe | 47% | 53% |
Pouvoir louer pour essayer avant d’acheter | 32% | 36% |
La faible disponibilité des endroits permis | 31% | 35% |
La faible expérience de pratique | 26% | 36% |
Acceptation familiale de la pratique | 15% | 23% |
Pouvoir joindre un club d’utilisateur | 15% | 19% |
L’acceptabilité sociale de l’activité des activités
Au niveau de l’acceptabilité sociale des sports motorisés, il y a plusieurs surprises. En premier lieu, à peine 50% des Canadiens sont favorables aux sports motorisés sauf au Québec où 64% le sont. De plus, les activités de motoneige et de motoquad sont favorablement perçues alors que c’est plus difficile pour les autres. Le tableau ci-dessous décline les niveaux d’acceptabilité favorables par type d’activité.
Tableau 4 –Niveau d’acceptabilité favorable par type d’activité
Type d’activité | National | Québec |
Toutes activités motorisées | 53% | 64% |
Motoneige | 63% | 65% |
Motoquad | 54% | 64% |
Jeep 4×4 | 48% | 59% |
Moto enduro | 44% | 54% |
Autoquad | 44% | 54% |
La bonne performance du Québec est probablement tributaire du travail des fédérations de véhicules hors route en place qui travaillent sans cesse à la promotion de la motoneige et du quad. Alors que la motoneige est reconnue depuis des années comme industrie touristique structurée, celle du quad frappe aux portes des ATR pour proposer la Route Quad qui se veut une route touristique qui assure ravitaillement, restauration et hébergement à ceux qui l’empruntent. Chacune des deux fédérations déploie un réseau impressionnant de sentiers : 32 000 km pour la FCMQ et 22 000km pour la FQCQ. Bref, la population québécoise est familière avec les quads et les motoneiges, mais moins avec les autoquads et surtout avec les motos enduros qui sont encore assimilées, à tort, aux motocross par la population.
Quant au rôle sociétal de l’industrie et/ou la fédération d’utilisateurs, la grande majorité pense qu’elle performe bien dans sa contribution au bien-être des gens, mais les deux tiers estiment qu’il y a encore place à la prévention des blessures et la promotion de la sécurité. Voici en rafale ce que pensent les Canadiens à leur sujet :
- 73% pensent qu’ils contribuent à la qualité de vie et aux loisirs des Canadiens;
- 68% des Canadiens pensent qu’ils contribuent à l’économie;
- 64% pensent qu’on peut améliorer la prévention des blessures et la promotion de la sécurité;
- 59% pensent qu’ils sont de bon voisinage;
- 56% pensent qu’ils respectent la propriété privée;
- 48% pensent qu’ils travaillent à la protection de l’environnement.
Que penser du microclimat du Québec?
Est-ce que le quad est menacé par les motos enduros ou les 4×4? Il est probable que non. Le quad a plusieurs longueurs d’avance sur les motos enduro, notamment au niveau de la pratique quatre saisons qui permet de bénéficier de l’investissement sur dix mois (au lieu de six) et de l’étendue de réseaux hors route inégalée des quads entretenus par 119 clubs d’utilisateurs sur le territoire. Les enduros souffrent d’une acceptabilité sociale déficiente, car ils sont encore assimilés au motocross (à tort, mais tout de même). Pour cette raison, les clubs quad, craignant pour la sauvegarde des droits de passage, hésitent à les accepter dans leurs sentiers. Voilà pourquoi nous pensons que les enduros ne feront pas de percées majeures dans les prochaines années au Québec.
Quant aux autoquads, les résultats de l’étude sont un mystère si on tient compte des commentaires des concessionnaires qui ont vu leurs ventes locales diminuer fortement. Ces véhicules sont plus chers et surtout, plusieurs acceptent de rajouter plusieurs centaines, voire millier de dollars pour installer l’équipement désiré sur le véhicule. Peut-être faut-il interpréter plus les intentions exprimées dans l’étude comme un désir de migrer vers les côte-à-côte qu’un état de fait. Toutefois, au Québec, les autoquads restent assimilés aux quads et font partie du réseau de la FQCQ.
L’activité de type Jeep 4×4 nécessite un tout autre niveau d’investissement et ceux qui font la pratique hard core absorbent beaucoup de frais de réparation de bris. Les sentiers ne sont pas légion non plus. Pour ces raisons, cette activité restera marginale.
Donc, pas grand-chose ne devrait changer le paysage des quads au Québec sauf l’intérêt grandissant de la strate d’âge de 18-34 ans qui arrive en relève et qui s’intéresse aux motoquads (+7%) et aux autoquads (+20%). Ça, c’est une excellente nouvelle.