Le Scrambler de Polaris a fait une renaissance marquée en 2013 avec le moteur 850 et a donné une convaincante réplique au Renegade 800 (depuis devenu 850) de Can Am. En effet, le Gade faisait la loi depuis plusieurs années dans son créneau sans subir d’opposition sérieuse.
Le Scrambler 850 est venu rebrasser les cartes et Can Am a répliqué en glissant le moteur Rotax de 1000cc dans le châssis du Gade, levant la barre très haute au niveau de la puissance disponible. Polaris, ayant le très compétent moteur Prostar 1000 sous la main, a également boulonné une motorisation de 1000cc dans son modèle sport 4 x 4 . C’est cette évolution du Scrambler que nous testons dans le cadre de cet essai.
Carrosserie et finition
Présentée il y a déjà cinq ans, la ligne n’a pas pris une ride. La carrosserie trapue, campée sur ses roues placées loin aux quatre coins, est dessinée avec des lignes penchées vers l’avant qui évoquent le dynamisme.
Le profil du réservoir monte assez haut entre les jambes du conducteur et loge la réserve de carburant de 19,9l. Les ailes aux lignes vives et acérées s’élèvent doucement vers le haut, laissant voir les suspensions dont les ressorts de couleur contrastante orange sont du plus bel effet. Enfin, l’avant est souligné par un pare-choc peint du même orange que les pièces de suspension. Bref, le design général affirme de manière forte la vocation sportive du quad.
Côté rangement et capacité de transport, Polaris a fait un bon travail et a prévu beaucoup de possibilités pour un quad à vocation sportive. À l’arrière se retrouve un porte-bagage utilisable d’une capacité de 50 lb et le capot avant, sous lequel se retrouvent les éléments d’entretien mécanique, sert aussi de porte-bagage léger d’une capacité très modeste de 25 lb. Derrière la selle est aménagé un petit compartiment se voulant étanche qui peut être pratique pour ranger de menus objets. Une prise d’accessoire de 12V a été prévue et judicieusement placée près du guidon dans la nacelle d’instrumentation.
La version XP apporte une foule d’éléments supplémentaires qui rehaussent le plaisir d’utilisation du véhicule par rapport au Scrambler d’entrée de gamme. Outre le moteur de 1000 cc, le XP est pourvu d’une suspension au gaz ajustable Fox Podium X, d’une servodirection, de l’éclairage au DEL, à l’avant comme à l’arrière d’une finition de carrosserie avec peinture métallisée, de jantes d’aluminium noires et de protège-mains de bonne facture.
L’entretien mécanique sera facilité par la très bonne accessibilité des points d’entretien. La section électrique (batterie, régulateur de voltage) se trouve sous le capot avant avec le bouchon du radiateur. Le filtre à air, de type cartouche est bien placé dans le faux réservoir et la jauge à l’huile facilement accessible complètent le tableau.
Ergonomie, instrumentation et éclairage
Sur le Scrambler, la position de conduite est droite et haute et ce qui frappe, c’est de voir comment elle peut convenir tant aux conducteurs de petite que de grande taille. Le réservoir est étroit grâce notamment à la position longitudinale du moteur dans le châssis. Combinant cette qualité à la selle généreusement rembourrée et les larges marchepieds, le pilote pourra rouler de longues heures en tout confort sans éprouver de fatigue. Les pieds seront bien protégés contre les écueils du terrain tels que branches et roches par les marchepieds pleine longueur. Ils comportent des repose-pieds antidérapants sur lequel le pilote aura un appui solide. Les larges ailes offrent une protection surprenante d’efficacité contre les éclaboussures considérant le dessin très sportif du véhicule. Seul le pied droit sera éclaboussé au passage de flaque d’eau.
Le guidon présente les commandes de façon usuelle pour une machine signée Polaris ce qui signifie que la commande de frein est centralisée sur la poignée située à gauche. La pédale située sur le marchepied droit permettra de freiner seulement des roues arrière. Les commandes sur le guidon sont disposées de façon intuitive. Le sélecteur de vitesse situé à droite est toujours un des plus rétifs que nous ayons manipulé. Il faut passer les positions d’une main ferme et on se demande pourquoi Polaris n’a pas encore corrigé cet irritant. L’instrumentation analogique rétro éclairée d’une lueur bleue est disposée bien en vue du conducteur sur la nacelle d’instruments. Les informations nécessaires sont présentées de façon très claire au pilote.
Enfin, un très bon mot sur l’éclairage de type DEL dont est pourvu le XP, car en plus de la touche de modernité qu’il apporte, il est d’une très grande puissance. Son efficacité est une des meilleures que nous avons expérimentée sur un quad.
Comportement et puissance
Nous voici à la pièce de résistance de notre sujet d’étude : le moteur Prostar 1000cc. Ce moulin, alimenté par un système d’injection électronique de carburant, produit un démentiel 89hp et développe un couple de 66 lb/pied. Sa position longitudinale dans le cadre permet d’amoindrir la perte de puissance dans le train propulseur. La puissance est transmise aux roues via une transmission automatique de type CVT.
Le chant du bicylindre n’est pas désagréable, mais on est surpris qu’ il n’ait pas le grondement sourd du 850. Sa tonalité plus haute. Selon Polaris, le système d’échappements double est calibré pour la puissance, mais nous retenons surtout qu’il est en acier inoxydable, ce qui est gage de durabilité et de maintien de son esthétisme. Rien n’est plus laid qu’un silencieux rouillé placé en évidence dans le dessin d’un quad.
La puissance est délivrée selon les besoins ou l’humeur du pilote : onctueusement si on y va mollo, car la transmission est réglée pour se mettre en prise à plus bas régime sans avoir besoin d’attendre que le régime monte pour que ça se mette à bouger. Elle se comporte comme si elle était à prise constante. Par contre, à fond, on ouvre un tout autre registre et c’est une explosion de puissance qui fait accélérer le quad férocement. Que ce soit en demandant une puissance à haut régime ou en utilisant l’abondante provision de couples linéaires à bas et moyen régime, le Prostar répond toujours présent de façon très volontaire. Le pilote dispose toujours de plus de puissance que nécessaire et on a l’impression d’avoir à sa disposition d’en avoir un gouffre infini sous le pouce.
Comme dit plus haut, la transmission est calibrée pour être en prise à plus bas régime, ce qui donne plus de souplesse et de stabilité lorsqu’on évolue dans un passage technique délicat. Par contre, contrairement au Sportsman, le frein moteur se fait beaucoup plus discret. Il est peu présent à haute vitesse et prend prise sous les 30 km/h. C’est une caractéristique qui a été gênante dans les grandes côtes de Mont St-Pierre et le conducteur a engagé la basse gamme de transmission (Low) pour y remédier. Vu de l’autre côté, vous serez moins exposé au blocage des roues arrière en relâchant les gaz rapidement sur un terrain glissant en hiver.
La suspension du Scrambler est indépendante aux quatre roues et fait preuve d’une conception poussée qui réussit le tour de force de combiner la douceur de roulement proverbiale de Polaris avec le fonctionnement efficace requis pour la vocation sportive du modèle. La présence des amortisseurs Fox Podium X réglables au gaz y contribue fortement. L’ajustement permet au pilote de régler la suspension selon ses préférences de la journée en fonction de la nature du terrain où il va rouler, selon la cadence envisagée. Ils permettent aussi d’absorber efficacement cahots et bosses sans avoir de rebonds de la suspension. Le contact des roues avec le sol est plus constant et par conséquent, la capacité de contrôle du quad rehaussée.
La suspension avant est du type double bras oscillants à géométrie anti-plongée laquelle offre un débattement de 22,9 cm. Même en sollicitant fortement les freins, l’avant s’affaisse peu. La suspension arrière indépendante également à double bras triangulés, et muni d’une barre antiroulis massive qui permet d’assurer une stabilité du train arrière en conduite agressive. Les amortisseurs, installés dans un angle vers l’arrière, permettent un très généreux débattement de 26cm tout en limitant le pincement des roues lors d’accélérations brusques.
La direction est assistée électriquement et variable en fonction de la vitesse. En conséquence, l’effort requis pour la manœuvrer est bien dosé : ni trop tendre ni trop raide. Elle n’offre pas d’ajustement de niveau d’assistance, ce qui permettrait de répondre aux goûts de tous les types de conducteurs. À notre avis, cela permettrait aussi d’affiner la sensation du toucher de sentier à travers le guidon. En mouvement, le VTT ne présente aucun flottement dans la direction et démontre un caractère aussi imperturbable qu’un train sur ses rails. La direction ne transmet aucune secousse ni de guidonnage par rapport aux accidents de terrain ou de roulières séchées dans la boue.
Le Scrambler est une machine très bien aboutie. Son centre de gravité bas, la précision de sa direction et la civilité de la réponse de son moteur en randonnée modérée mettront en confiance un quadiste néophyte qui ne se sentira aucunement intimidé par le potentiel de la machine. En augmentant la cadence sérieusement, la suspension gomme les bosses et trous et le Scrambler garde tout son aplomb. Avec un tel comportement sain, il est sécurisant de laisser la cavalerie s’exprimer. Lancer le quad dans une succession de courbes dans un sentier étroit devient un réel délice pour les sens. Sur chemin graveleux plus large, on peut même le laisser glisser latéralement des quatre roues dans de longs dérapages. Peu de machines peuvent se targuer de pouvoir faire ça.
Côté traction 4×4, le quad est muni d’un système appelé « AWD on demand », ce n’est pas le conducteur qui contrôle la traction 4×4 en tout temps, c’est le contrôle de traction de Polaris. C’est-à-dire que les roues avant qui sont en prise constante ne sont entrainées via le différentiel Torsen que si le système détecte une différence de vitesse de rotation entre les roues arrière et avant. Auquel cas, la puissance sera transférée aux quatre roues en même temps (full lock). C’est déroutant au début sur une surface enneigée et glissante, car les roues arrière auront tendance à bloquer. Avec un peu d’habitude et en modulant les gaz, on arrive à garder une cadence appréciable en laissant dériver le derrière du quad dans l’enlignement que l’on désire puis en relançant fortement la machine, le train avant vous tirera dans le virage.
Nous avons noté tout au long de l’essai une soif modérée pour les hydrocarbures et la consommation observée était plus basse d’environ 20% qu’un Sportsman 850 qui a roulé dans les mêmes conditions, chacun avec un réservoir d’essence de 19.9 litres. Le 850 était toujours le premier à s’arrêter pour s’abreuver.
Budget
Comme toujours dans la vie, l’objet de nos désirs peut sembler parfait, mais c’est très souvent l’aspect monétaire qui aura le dernier mot. Le Scrambler XP 1000, qui est un véhicule premium, à un prix de détail suggéré de 16 600,00 $. C’est considérable, mais comparable avec son principal concurrent qui est le Renegade X XC 1000. Le Scrambler « d’entrée de gamme » est le 850 qui, lui, a un prix de détail suggéré de 11 900,00 $, ce qui représente une différence de 4 700,00 $. Considérant que le surclassement vient avec le moteur Prostar 1000cc, la servodirection, la suspension au gaz, les jantes d’aluminium, la peinture métallisée, l’éclairage au DEL, la différence demandée est justifiable, mais une déclinaison intermédiaire serait souhaitable.
SI le prix vous semble indigeste, ne jetez pas l’éponge, car la version du 850 n’est pas à dédaigner pour autant. Si l’on excepte la servodirection qui apporte vraiment un niveau de confort appréciable, le véhicule vous donnera aussi satisfaction. Le moteur 850 n’est pas un manchot avec ses 78 chevaux et vous donnera lui aussi une bonne gamme d’émotions. Pour ce qui est de l’éclairage DEL, vous pourrez facilement vous installer des phares pour compenser.
Le verdict
Nous avons retrouvé avec joie le Scrambler qui nous avait laissé une bonne impression en 2013. Il s’est bonifié par l’ajout du moteur Prostar 1000 qui ajoute une profondeur que nous ne soupçonnions pas avant de faire son essai.
La grande force du Scrambler est sa compétence de s’adapter très efficacement à tous les types de randonnées que vous ferez. Cette machine possède une polyvalence inédite dans le créneau, notamment par sa capacité de transporter du matériel, et comblera autant vos besoins de long relais en randonnée grâce à son confort de bon niveau que vos envies de vous amuser grâce au caractère ludique de son comportement.