Les plus anciens adeptes qui gravitent dans le monde du VHR se souviendront que les quads étaient vus comme la porte d’entrée du sport par rapport aux motoneiges et aux motos. Comme toute chose dans notre environnement, la nature et l’activité des véhicules hors route ont grandement évolué en seulement 15 ans, dont les prix pour pratiquer notre passion.
L’évolution de l’univers VHR des 15 dernières années
En 2007, les VCC étaient un phénomène très marginal et l’on pouvait acquérir un quad de bonne grosseur pour 8000 à 9000 dollars. Dépendamment de la puissance du moteur, ils consommaient entre 6 l/100 km pour une petite cylindrée japonaise jusqu’à 15 l/100 km pour les gros ténors américains. Il était donc possible de rouler avec une machine performante pour moins de 10 000 $ et ce pendant presque toute l’année. Aujourd’hui, les VCC sont venus changer complètement la donne et représentent maintenant plus de la moitié des véhicules détenant un droit d’accès de la FQCQ. Bien que les quads récents aient modéré un peu leur soif en hydrocarbure, les prix d’acquisition ont explosé depuis quelques années. Il faudra être très circonspect pour respecter un budget de 10 000 $ dans l’acquisition d’un quad. En effet pour un motoquad, il faudra compter aux alentours de 10 000 $ jusqu’à 18 000 $ pour les grosses pointures. Du côté des autoquad, un budget réaliste d’entrée de gamme oscillera autour de 15 000 $ pour pouvoir aller jusqu’à plus de 45 000 $. Évidemment, il faudra y ajouter les équipements personnalisés et les taxes de vente.
Du côté des motoneiges, il y avait des modèles sages comme le Ski-Doo Tundra qui sont très recherchés et se vendent plus cher après 15 ans que leur prix de vente à l’époque. Elles étaient fiables et demandaient un budget d’opération raisonnable. Cependant, les amateurs de sentiers se tournaient vers des modèles performants qui étaient toujours assoiffés d’essence et pouvaient avaler goulument les 20 l /100 km en essence. Outre la consommation éhontée en carburant et le prix d’achat légèrement supérieur aux quads de l’époque, c’étaient les coûts d’entretien usuel et les bris mécaniques comme les moteurs sautés qui faisaient mal au portefeuille des propriétaires. Toutefois, les fabricants ont fait depuis un grand ménage dans leur cour et ont resserré les boulons mécaniques. Les moteurs quatre temps ont apporté avec eux une économie d’essence qui fait rougir les quads et aussi une fiabilité de très bon aloi qui a réduit de beaucoup les frais d’opération. Les ventes des motoneiges de tourisme (touring) baissent au profit de motoneiges hybrides sentiers/hors-pistes et surtout aux motoneiges hors-pistes pures qui donnent des cheveux blancs à la fédération des motoneiges. Mais ça, c’est un autre dossier. Concernant la durée de la saison, elle tend à diminuer ces dernières années, car les premières bordées, dans les plaines du Saint-Laurent, se font attendre de plus en plus en début de saison. Encore cette année, il fallait aller en montagne pour faire de la motoneige à Noël. L’investissement de la machine s’amortit donc sur deux ou trois mois si la saison est bonne.
Le troisième type de VHR, si on fait abstraction des motocross, est la moto double usage qui a aussi beaucoup changé ces 15 dernières années. En 2005, le segment était représenté par les Suzuki DR650S, DRZ400, Honda XR650L et l’intemporelle Kawasaki KLR650. Les prix oscillaient entre 6500 $ et 7500 $. Il y avait aussi la BMW F650GS, mais le prix de 11 500 $ était plus élitiste. Ces motos de conception simple offraient un rendement sans histoire, des années durant, à leurs propriétaires. La BMW 1200 GS montrant la voie et suivie par Suzuki avec sa V-Strom se sont embourgeoisés pour créer la gamme aventurière. Leur popularité est tributaire de l’offre d’un confort de haut niveau sur la route au mélange de couple du moteur abondant, une bonne protection contre les éléments par les carénages efficaces, une position de conduite neutre et un très bon débattement des suspensions. Il est toujours possible d’acquérir une moto double usage pour moins de 10 000 $, mais pour mettre une aventurière de dernière technologie dans votre garage, vous devrez allonger entre 20 000 $ et 30 000 $. D’une façon réaliste, la saison de moto, surtout en mode hors route, s’étend de mai à octobre inclusivement.
En 2022, quel est le réel type VHR le plus économique?
Pour faire cette rapide analyse, nous allons considérer le prix incluant les taxes d’un véhicule de cylindrée moyenne dans la catégorie avec le meilleur niveau d’équipement d’usine disponible. Il faudra aussi considérer les frais d’immatriculation et de droits d’accès à un réseau organisé de sentiers hors route. Il sera aussi inclus le coût approximatif en carburant pour parcourir 8000 km. Enfin, le prix global sera réparti sur 5 années et divisé par le nombre de mois où le véhicule est utilisable sur le terrain.
Pour les fins de cette étude, il sera fait abstraction du prix des équipements de protection d’été et d’hiver, car les coûts sont trop variables d’une personne à l’autre en fonction des préférences et exigences propres à chacun.
Voici donc un tableau qui résume les résultats de notre réflexion :
Moto hors route | Motoneige | Motoquad | Autoquad | |
Kawasaki KLR 650 Adventure ABS | Ski-Doo Renegade Sport 600 Ace | Polaris Sportsman 570 Trail | CFMoto ZForce 950 EPS Sport | |
Prix du véhicule (réparti sur 5 ans) | 11 500 $ | 12 880 $ | 13 683 $ | 21 850 $ |
Coût d’immatriculation | 691 $ | 98$ | 79 $ | 79 $ |
Coût des droits accès | 120 $ | 455 $ | 340 $ | 340 $ |
Coût d’essence | 720 $ | 1200 $ | 960 $ | 1800 $ |
Total annuel | 3831 $ | 4329 $ | 4816 $ | 6589 $ |
Nombre de mois d’utilisation potentiels | 6 | 3 | 10 (6 mois été) | 10 (6 mois été) |
Coût par mois d’utilisation effectif | $638.00 / mois | $1443.00/mois | $481.00/mois ($803.00/mois en été) | $658.90/mois ($1098.00 / mois en été) |
Finalement, quel est le VHR d’entrée de gamme en 2022?
Hors de tout doute, la moto hors route remporte la palme. Tant au niveau de l’investissement annuel requis que le coût au mois effectif, la moto hors route est moins coûteuse. Pour ce qui est du départage des quads versus la motoneige, c’est beaucoup plus mitigé.
Tout d’abord, les quads sont les véhicules qui ont la facture la plus lourde lors que l’acquisition, tant les motoquads que les autoquad. Ces derniers peuvent propulser la facture à plus de 60 000 $ avec les taxes! Avec la venue des VCC, les prix demandés par les fabricants pour les quads n’ont cessé de gonfler au fil des années, les rendant moins économiques par rapport aux autres catégories de VHR. Ce qui tue la motoneige dans ce comparatif, ce n’est pas le prix demandé pour mettre la machine dans notre garage, mais le nombre de mois qu’elle va servir. C’est beaucoup d’argent pour deux à trois mois par année. En poussant la réflexion un peu plus loin, on se rend compte qu’il n’est pas si ridicule d’opter pour un combo moto et motoneige au lieu d’un VCC, surtout si on va dans les modèles plus huppés de 30 000 $ parce qu’alors, l’effort financier sera le même!
Bref, il est révolu le temps où le quad était le VHR des moins fortunés. Les choses ont bien changé!