Chez Can Am, le rôle de VCC de travail était jusqu’en 2016 dévolu au Commander qui est un bon véhicule généraliste compétent, mais c’était beaucoup lui demander de répondre aux Ranger, Mule et autres chevaux de trait du créneau. En effet, Can Am a tardé d’introduire un véhicule conçu pour le travail dans sa gamme malgré que la catégorie des véhicules de travail soit des plus importantes pour les fabricants, surtout quand on sait que le véhicule le plus vendu chez Polaris est le vénérable Ranger.
C’est en 2016 que Can Am a introduit son Defender qui était chargé de défendre ses couleurs dans la catégorie des VCC utilitaires. D’emblée, l’offre était généreuse : une fourchette de prix pour tous les budgets, un choix de trois motorisations et de plusieurs niveaux de finitions. Elle ne s‘est que bonifiée depuis.
La gamme Defender en 2020
Dans ce créneau, les fabricants tentent d’offrir le combo qui répondra le mieux possible aux besoins des utilisateurs, que ce soit du point de vue des niveaux de finition, de la variété de motorisations offertes, des possibilités de personnalisation avec les accessoires ou encore des ensembles spécialisés. À cet effet, Can Am a placé la gamme Defender à un niveau dur à battre.
Le Defender est offert avec 3 cylindrées de moteur. Les dénominations HD5, HD8 et HD10 font référence aux motorisations : HD5 pour le 500 cc monocylindre de 38 chevaux, HD8 pour le V2 de 800 cc comptant 50 chevaux et HD10 pour le V2 de 1000cc bon pour 82 chevaux.
Par la suite, on peut équiper les véhicules selon les besoins au gré des niveaux d’équipements : standard, DPS qui rajoute la servodirection et les jantes de 14 pouces, XT qui rajoute les pare-chocs avant, le toit rigide, la plaque de protection intégrale, la banquette VERSA-PRO davantage profilée, le treuil de 4500 lb, les bacs de rangement étanches sous la banquette (très pratiques pour garder les vêtements de rechange au sec). La version XT Cab ajoute une cabine fermée et un système de chauffage pour assurer un confort en toute saison, dans un silence de roulement encore plus remarquable. La version XT-P est davantage orientée vers la conduite inspirée en sentier. La boue vous intéresse? La version X Mr omniprésente dans la famille Can Am est disponible avec les gros pneus Cryptid et les snorkels. Toutes ces versions sont disponibles en version trois places ou en version MAX à six places.
Si vous désirez un surcroît de capacité portante ou de traction, vous pouvez jeter votre dévolu sur la version Défender XT 6×6 : traction et capacité de charge en hausse, mais maniabilité moindre à cause du bloc de 4 roues à l’arrière. Vous pourrez également jeter un œil sur le nouveau Defender Pro à empattement allongé qui offre une plateforme de chargement de 4.6 x 6 pieds. L’offre est plus qu’étoffée, et vous pourrez adapter davantage votre véhicule à vos besoins avec le catalogue d’accessoires d’origine Can Am.
Dans le cadre de cet essai, nous avons testé et comparé le rendement des versions DPS HD8 et HD10 XT du Defender.
Carrosserie et finition
Le Defender est un véhicule qui a de la prestance : haute ligne de capot qui surplombe les phares au regard frondeur, ailes carrées, gros pneus de 27 pouces, largeur de 62 pouces. Bref, ça respire le costaud. En continuant le tour du propriétaire, on constate rapidement que le but premier du véhicule n’est pas la performance ou la ballade mais le travail. Par contre, beaucoup de soins ont été apportés dans la conception pour atteindre ce but.
L’habitacle est vaste et les personnes de grande taille peuvent s’y installer sans problèmes. L’aménagement intérieur respire l’utilitaire, dans le sens d’offrir toute sorte d’astuces pour faciliter la vie à son propriétaire. Tout d’abord, la banquette pleine largeur est partitionnée en section 40-20-40, un peu comme une camionnette. Les coussins d’assises peuvent se relever pour augmenter l’espace de chargement et dans la version XT, vous y trouverez des bacs de rangement étanches. Le dossier du milieu se rabaisse pour offrir un appuie-bras avec porte-gobelets. Bien que la banquette soit plane, l’assise haute et droite permet quand même d’offrir un confort correct aux occupants.
Bien que la banquette offre de la place pour trois passagers et soit munie de trois ceintures, vous devrez rajouter un troisième appuie-tête pour rouler légalement au Québec. Heureusement, il est disponible dans le catalogue des accessoires de Can Am. L’espace pour les pieds est adéquat. Seul le volant est un peu proche du conducteur. Il est toutefois ajustable en hauteur pour permettre d’accéder et de quitter plus aisément le siège du conducteur.
Assis au volant, on a une excellente vision devant le véhicule grâce au capot très court. En baissant les yeux, on peut voir le petit cinémomètre rétroéclairé de couleur jaune derrière le volant. Can Am a équipé ses Defender d’un nouveau groupe de cadrans plus grand et lisible sur le modèle 2020. Juste à gauche est placé l’interrupteur rétroéclairé qui actionne les phares. Les interrupteurs à droite contrôlent le système AWD ainsi que le déverrouillage du différentiel arrière.
Côté utilitaire, la benne basculante robuste en polypropylène a une capacité de chargement de 1000 livres. Le véhicule est équipé d’origine d’un récepteur d’attelage de 2 pouces pour le remorquage et sa capacité de remorquage est de 2 500 livres (3000 livres avec le 6 x 6). C’est plus que la majorité des VUS compacts qui sont stationnés dans votre entrée de garage! À l’avant, on y trouve un anneau de remorquage solide pour le travail ainsi qu’un bouclier épais en acier qui résistera aux abus que le véhicule serait sujet à subir dans le cadre de son usage.
Les feux arrière de freinage et de position au DEL rouge donnent une touche de raffinement bienvenue sur le véhicule. La finition de la carrosserie sur notre modèle d’essai est en plastique moulé rouge de bonne facture et l’assemblage est sans reproches.
Moteur, transmission et suspension
Le HD8 se retrouve dans le milieu de gamme des motorisations offertes pour le Defender. Sans être le plus dominant au point de vue de chiffres de puissance, le très éprouvé Rotax bicylindre de 800 cc offre 50 chevaux et 50 livres/pied de couple à bas régime, ce qui est compatible avec la vocation du véhicule. Notre deuxième véhicule était équipé d’un Rotax de 1000cc qui peut délivrer 82 chevaux et 69 livres/pied de couple.
Le deux Défender est équipé de la même transmission de type CVT Pro-Torq qui est muni d’un système de protection électronique de la courroie. La transmission a un système de traction à quatre roues motrices sur demande avec le différentiel avant autobloquant automatique Visco-Lok. Notons aussi la présence d’un mode turf très pratique qui déverrouille le différentiel arrière. En plus de ménager les pelouses et sols fragiles, cela aidera grandement à la maniabilité à basse vitesse.
Une autre pièce importante du triangle technique est la suspension et de ce côté, Can Am n’a pas négligé l’efficacité de fonctionnement même si l’on a affaire à une machine utilitaire. Nous avons trouvé une suspension qui, en plus d’être robuste à souhait pour le gros travail, a la compétence pour gérer efficacement les mouvements de caisse du véhicule en conduite en sentier ou en situation technique. À l’avant, Can Am a muni le véhicule d’une suspension à double triangulation bras avec amortisseurs au gaz bitube. À l’arrière, nous retrouvons une suspension à bras triangulaire double avec barre stabilisatrice. Le débattement de la suspension est de 10 pouces aux quatre coins. Enfin, la puissance est transmise au sol via les costauds pneus Maxxis Big Horn de 27 pouces qui aident à atteindre la garde au sol de 11 pouces.
En regardant dans le compartiment moteur sous la benne, on remarque le silencieux de bonne dimension qui ressemble plus à celui d’une automobile que celui d’un quad.
Comportement
En prenant place derrière le volant, on peut constater que l’assise des sièges est identique dans les deux véhicules : confortable malgré la position très droite. L’avantage pour les grands est de dégager amplement d’espace pour les jambes. La vision autour du véhicule est bien dégagée et on peut aussi facilement localiser les coins du véhicule, ce qui est appréciable lorsqu’on évolue dans un milieu serré. LA plus grande différence entre les deux modèles est évidemment le rendement des deux moteurs. En lançant le moteur HD8 de 800cc, on apprécie tout d’abord le silence feutré de la mécanique. Pas de bruit sec d’explosion dans les cylindres du moteur comme on entend trop souvent. Cette impression se maintient peu importe la vitesse à laquelle on roule. Nous n’avons pas entendu non plus le sifflement typique de la transmission de certains produits de la marque. Le silence de fonctionnement est tel que le bruit qui agace le plus est celui du vent qui entre dans le casque. C’est dire la réussite du contrôle du bruit et des vibrations par Can Am avec ce modèle. Imaginez avec la version Cab du Defender!
Comme on est en présence d’une machine dite utilitaire, la fougue mécanique n’est pas la plus grande force du HD8. Après l’impulsion vigoureuse du départ, l’accélération se poursuit sur la longue courbe de puissance et s’essouffle vers les 80 km/h. Par la suite, le véhicule grignotera lentement les kilomètres/heure jusqu’à la barre des 100, ce qui est une performance appréciable pour un VCC utilitaire.
Dans le cas du HD10, le moteur se fait entendre davantage dès qu’on le met en marche. Les bruits du moteur, plus sourds, semblent envahir davantage l’environnement sonore dans l’habitacle. Toutefois, le dynamisme de la machine est plus vigoureux. Il n’y aura pas non plus de forte accélération en coup de fouet en lançant le véhicule, mais l’accélération est plus rapide, linéaire et constante jusqu’à l’atteinte du rupteur du moteur à 105 km/h linéaire. Durant notre fin de semaine d’essai, le HD10 a suivi sans rougir un véloce CFMoto XC800.
La maniabilité du véhicule est très surprenante pour un véhicule de cette taille, étant aidée à la fois par la servodirection tendre et le différentiel arrière déverrouillé en mode turf. Il est plus facile à faire tourner au braquage maximal que mon Sportsman 850. Avec la vue plongeante permise par le court capot, c’est plaisant de se faufiler dans des endroits exigus. La suspension est un peu plus sautillante que celle d’un Maverick et c’est normal. Toutefois, elle amortit convenablement les cahots du sentier et il n’y a pas de roulis du véhicule en virage serré. On se surprend même à laisser partir en glissade le HD10 en suivant (ou poursuivant…) le véhicule qui nous précède.
La tenue de cap à bonne vitesse est rassurante et la direction bien assistée permet de placer le véhicule avec précision dans les courbes. Précisons que le ressenti du sentier dans le volant est bon, malgré la servodirection et les gros pneus Big Horn.
HD8 ou HD10?
La prise en main du Can AM Defender a été une agréable expérience, car nous nous attendions à essayer un véhicule plutôt brut alors que nous avons découvert un véhicule bien conçu et polyvalent. Il offre un bon amalgame de puissance, de confort et de tenue de route sans rien sacrifier à la fonction utilitaire qui est sa mission au sein de la gamme Can Am. Le HD8 vous comblera si vous recherchez davantage la quiétude en randonnée ou en arpentant votre lot à bois. Son niveau de puissance est adéquat pour satisfaire la grande majorité des utilisateurs. Si vous aimez la vie un peu plus épicée, alors c’est le HD10 qu’il vous faut. Il est plus dynamique, mais son moteur est plus bruyant.
Enfin, nous saluons l’effort du fabricant d’avoir maitrisé efficacement le bruit de fonctionnement du Defender, surtout avec le HD8. Cela est très agréable pour l’utilisateur et ne sera que salutaire pour l’acceptation des quads dans les campagnes du Québec.