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André Blouin – Profil d’un bâtisseur

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La vallée de La Matapédia est un lieu incontournable du quad en sentier. Des belvédères ont même été bâtis pour mieux profiter des vues époustouflantes. Derrière ces réalisations, il y a un club, et un homme qui a su insuffler une vision, une énergie et une organisation pour rendre le club de quad de La Matapédia indispensable au développement touristique de cette belle région québécoise. Cet homme, c’est André Blouin, le fondateur et président du club, qui a donné ses heures sans compter pour des résultats dont tous les membres du club peuvent être fiers, car ils font partie du succès de l’association.

André Blouin est né à Amqui en 1952. Il vit toujours dans cette ville qui est le chef-lieu du comté de La Matapédia, au pied de la région du Bas-Saint-Laurent et dans la région touristique de la Gaspésie.

André Blouin – Profil d'un bâtisseur

Le père d’André était médecin, natif de Québec, et sa mère infirmière, de Thetford Mines. André aimait raconter sur un ton humoristique que ses parents s’étaient rencontrés dans un hôpital psychiatrique, ce qui était la stricte vérité. Le docteur Blouin fut le fondateur de l’hôpital d’Amqui. Il accompagna l’accouchement de plus de 6000 enfants.

André Blouin tient de ses parents le goût du travail pour la communauté et l’habitude de ne pas compter ses heures pour accomplir sa tâche. Pendant sa jeunesse, il partageait la maison familiale avec ses quatre soeurs et ses deux frères.

Sa première rencontre avec un engin hors route motorisé a eu lieu vers 10 ans, sur la motoneige à hélices de son père. Cette invention de Joseph-Armand Bombardier (créée à l’âge de ses 14 ans) était posée sur des skis et se déplaçait avec la propulsion de l’hélice. C’était avant l’invention de l’autoneige avec barbotin-chenille. Le docteur se servait de ce véhicule pour aller voir ses patients. C’était d’ailleurs la motivation première de J-A Bombardier pour créer des véhicules hivernaux.

André faisait des études en administration, avec une spécialisation Assurances Biens et Vie. Il a commencé à travailler dans ce domaine, puis il est devenu restaurateur pendant deux ans et demi. Il a travaillé ensuite dans un cabinet d’évaluation foncière, qui lui ouvrait les portes de la MRC de la Matapédia en 1984. Il a débuté comme technicien en évaluation, puis il est devenu très vite directeur du service d’évaluation municipale. C’est un poste qu’il a occupé jusqu’à sa retraite, qui a été tardive puisqu’il a fait valoir ses droits en novembre 2020, à 68 ans.

À la fin des années 70 et début des années 80, sa fibre organisationnelle se développait. Il créa un club de 4 x 4 qui était le plus gros club en Amérique du Nord. Il participa au championnat provincial qui passait régulièrement dans La Matapédia. Il remporta 42 trophées durant cette période, et plusieurs dans la région, car les finales provinciales se déroulaient régulièrement ici.

André Blouin – Profil d'un bâtisseur

En 1993, à 41 ans, la vie lui a donné un sévère avertissement. Il a été victime d’un grave infarctus qui l’a conduit aux portes de la mort. Sa vie aurait pu s’arrêter là, mais le destin en a décidé autrement. André a survécu. Pour célébrer ce coup de pouce de la vie, il décida de profiter un peu plus de la vie et de ses amis. Il acheta un quad pour se promener sur ce beau domaine matapédien qu’il connaissait surtout avec les plans fonciers de la MRC. Lors de ses balades, très vite il se trouvait obligé à traverser des terres privées. Il allait donc négocier des droits de passages, le travail de base d’un club, en plus de l’entretien des sentiers qu’il faisait également avec ses amis et avec des outils personnels. 

Mais le club n’existait pas encore. La vision d’André Blouin s’affinait, se mettait en place. Il parlait également à un ami responsable de la sécurité de la GRC, Georges D. Thériault, qui lui soumettait ses idées. Entre autres, ils discutèrent de la beauté des paysages de la Matapédia, qui n’étaient pas accessibles par la route traditionnelle et de l’importance de pouvoir compter sur des quadistes volontaires pour organiser des recherches dans les bois en cas de besoin.

C’est en 1999 que le club était officiellement créé et affilié à la FQCQ, avec André Blouin comme président fondateur et ses deux amis Marcel Pinard et Gervais Lacasse. Le premier objectif était touristique. Quatre tours d’observations étaient érigées, avec des règles d’accessibilités, de sécurité et d’intérêts touristiques. Ces investissements de 100 000$ à l’époque étaient accessibles à tous, par les sentiers ou la route. Les idées novatrices s’enchainaient. En 2000, des panneaux avec la carte des sentiers et des services environnants étaient posés à chaque intersection des 650 kilomètres de sentiers. C’est maintenant 9300 panneaux qui renseignent les usagers le long des parcours.

 En 2002, pour être sûr de capter le réseau téléphonique, des panneaux marqués d’une croix rouge indiquaient la présence d’une connexion avec les ondes cellulaires. Le panneau affichait aussi les numéros de téléphone des différents services d’urgences locaux.

En 2004, ce sont des tables et des bancs qui étaient installés aux abords des sentiers pour permettre de profiter du voyage.

En 2012, le club a encore été précurseur en créant une application mobile avant la Fédération et son iQuad. L’application permettait de télécharger la cartographie des sentiers, proposait des parcours, des points d’intérêts, des services. Des points touristiques sont reliés à l’application par une balise. Arrivé à proximité, l’histoire du lieu est expliquée par texte ou audio !

Du côté des événements, le Festival Quad Matapédien est une réussite depuis de nombreuses années et réunit des quadistes de tout le Québec, du Nouveau-Brunswick, et même de l’autre côté des lignes. Il y a des points de vue magnifiques à voir, qui ont été mis en valeur par les infrastructures fabriquées par le club. 

Parmi les lieux touristiques à découvrir par les sentiers, on peut citer les barrières à saumon, la chute à Philomène, le Canyon, les tours d’observation du lac Alfred, du Lac-au-Saumon, d’Amqui ou du Parc Régional Val-d’Irène, le pont suspendu et les ponts couverts, sans oublier les champs de canola, le site historique de la grippe espagnole et le sentier des bouleaux.

André Blouin a une anecdote à ce sujet. En discutant avec des touristes sur la spectaculaire passerelle au-dessus de la chute à Philomène, il s’aperçoit que ceux-ci sont australiens. Les touristes ont vu une vidéo YouTube sur les points d’observations développés par le club. Ils ont tellement apprécié qu’ils ont fait 16 heures d’avion pour voir par eux-mêmes ces décors majestueux ! 

C’est dans ces moments-là qu’André peut penser : Mission accomplie !

En 2013, cet engagement est reconnu très officiellement par le ministère des Transports. Il faisait partie de la trentaine de bénévoles sélectionnés pour être honorés lors de la cérémonie de remise du Prix de reconnaissance des bénévoles en matière de véhicules hors route. Et il a reçu le prix de l’excellence des mains du ministre des Transports de l’époque, Sylvain Gaudreault.

André Blouin – Profil d'un bâtisseur

Une haute récompense bien méritée, car c’est une mission et une lourde charge de travail dans laquelle il a investi jusqu’à 30 à 35 heures par semaine (en plus du travail salarié). En tant que président, il est content de voir que les bénévoles sont bien présents. Après le Festival, un des événements les plus suivis est l’opération de grand nettoyage. Elle se déroule la dernière fin de semaine de mai depuis une vingtaine d’années. Une centaine de bénévoles répondent à l’appel pour nettoyer les 720 kilomètres de sentiers. Certains se déplacent de Montréal pour donner un coup de main. Il faut découper les arbres tombés au sol, les découper et les ranger sur le côté, un service apprécié par les propriétaires terriens. 

Car les sentiers n’appartiennent pas au club. Ils sont la propriété de particuliers le plus souvent. Les droits de passages doivent être négociés tous les ans. C’est un gros travail aussi, avec 412 dossiers à traiter ! André tient à dire : « Merci aux propriétaires de lots et à tous les intervenants et commanditaires sans qui le Club n’existerait pas. »

André Blouin a voulu donner une dimension supplémentaire à son club. L’organisation fait partie de la communauté et rend des services. En effectuant des recherches en cas de disparition de personnes dans les bois, en construisant des édifices qui vont servir à tout le monde, comme les différentes passerelles ou tours qui sont un attrait supplémentaire pour le tourisme. Ils organisent également des déjeuners avec les associations d’âge d’or.

« Ici, ce n’est pas comme à la ville, tout le monde se connait. Nous partons de la maison pour prendre le sentier. Pas besoin de remorque. Nos sentiers sont en cercle. On peut partir le matin et revenir le soir à la maison si on veut. Nous avons 600 membres du club pour 17 500 habitants dans les 18 municipalités de La Matapédia », explique André.

Gérer un club, c’est très prenant. Le président a moins de temps pour se promener en quad, si ce n’est pour aller entretenir les sentiers. Il a quand même effectué 7 fois le tour de la Gaspésie. Il possède actuellement un Polaris 1000 cc. 

André Blouin parle également de Pierre Allard, un membre du conseil d’administration de la FQCQ et chroniqueur dans Planète Quad. Pierre dit d’André : « C’est mon gourou ! C’est lui qui m’a poussé à me lancer. Une belle amitié est née de cette aventure de plus de vingt ans. »

Que fait André de ses temps libres, quand il ne négocie pas des droits ou ne sillonne pas les sentiers ? La réponse est originale : il pratique la danse en ligne. Plusieurs fois par semaine. Il n’a pu s’empêcher de convaincre certains membres du club de quad de venir avec lui. Et on peut le voir à l’entrée prendre les inscriptions. Le bénévolat, le service à la communauté font partie de sa vie et il ne peut s’en empêcher.

Cet article Bâtisseur fait la part belle au Club Quad de La Matapédia. Mais pour André Blouin, c’est une partie de sa vie, plus de 25 ans de travail bénévole, une entreprise à part entière à faire tourner avec des bénévoles qu’il faut motiver sans salaire. Mais tout est possible quand la passion est là. 

Et laissons-lui le mot de la fin : « La région de la vallée de La Matapédia, c’est le paradis terrestre du quad! Pas besoin d’attendre d’être mort pour goûter au paradis ! »

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