Depuis quelques années, une nouvelle niche de quad émerge fortement sur le marché des VTT : les quads d’entrée de gamme. Ce sont des quads dont l’équipement dernier cri a été rationalisé afin d’offrir un prix des plus alléchants. Désireuse d’implanter fortement sa présence dans ce créneau, Can Am a introduit l’an passé sa gamme Outlander L.
Loin de s’asseoir sur ses lauriers, Can Am a élargi les variantes de son modèle d’entrée de gamme afin de l’établir solidement en couvrant des besoins spécifiques d’usage : apparence plus premium, boue extrême et chasse. En plus des modèles déjà en place (version monoplace ou Max avec ou sans direction assistée), le fabricant introduit en 2016 la version XT 570 qui comprend la servodirection, et ajoute des pneus Carlisle ACT de meilleure facture sur jante d’aluminium noire, des pare-chocs avant et arrière et des protège-mains sur le guidon.
Can Am a également appliqué le traitement XMR sur le Outlander L en le munissant de pneus Mudzilla de 28 pouces, en relocalisant le radiateur à la place du porte-bagage avant qui est encadré d’un pare-chocs massif de couleur rouge contrastante.
Enfin, Can Am a peaufiné la version qui nous intéresse aujourd’hui : le Can Am Outlander 570 L Mossy Oak Hunter Edition. Dans le but de satisfaire aux besoins et/ou désirs des chasseurs modernes, le fabricant a équipé le quad d’à peu près tous les équipements susceptibles de rendre la vie plus facile aux chasseurs dans les bois. En plus de la servodirection et du fini de carrosserie camouflage, le propriétaire sera gratifié d’un treuil de 3000 lb Warn, d’un étui à fusil Kolpin rigide, d’un phare auxiliaire de travail, de porte-outil (ou arc) Kolpin sur le porte-bagage, de pare-chocs robuste à l’avant et à l’arrière. Sous le véhicule, le fabricant a installé des plaques de protection en aluminium, surélevé la suspension d’un pouce pour augmenter la garde au sol, de concert avec les pneus Carlisle ACT HD de 26 pouces et installés sur des jantes d’aluminium noires.
Carrosserie et finition
Considérant que le Outlander L reste une machine d’entrée de gamme, on peut constater que les lignes ne sont pas aussi spectaculaires et recherchées que la gamme supérieure. Par exemple, « Le grand frère » a des phares jumelés qui profitent de la technologie à projecteur, alors que la conception des phares halogènes du quad testé est de type simple et ont une puissance de 35W. Bien qu’on sente davantage la préoccupation d’économie sur le fini de carrosserie de plastique moulé des Outlander L de base ou DPS, celle de la version camouflage du Mossy Oak ajoute une belle facture à la robe du quad qui fait complètement disparaitre cette impression.
Les porte-bagages sont en acier, mais le traitement de peinture de type powder coat est de très bonne qualité et de surcroit, on a conservé la compatibilité avec le système maison d’attache rapide Linq. C’est une excellente nouvelle. Bref, le design général démontre un souci de limiter les coûts, mais est-ce que l’efficience a été sacrifiée?
À l’usage, nous constatons avec satisfaction qu’il n’en est rien. Les larges ailes offrent une protection de très bon niveau contre les éclaboussures. Aucun jet d’eau projeté par les roues ne viendra éclabousser les pieds du conducteur. Les marchepieds pleine longueur comportent des repose-pieds antidérapants sur lequel le pilote aura un appui solide.
Côté rangement et capacité de transport, nous sommes bien servis. Tout d’abord, le quad est muni, en plus du porte-bagage avant, d’un deuxième de bonne dimension à l’arrière. De plus, Can Am a eu la bonne idée d’inclure dans le porte-bagage arrière un coffre en plastique de 10,9 l étanche à l’eau.
Ergonomie, instrumentation et éclairage
Sur le Outlander 570 L, la position de conduite est droite et haute et ce qui frappe, c’est de voir comment elle peut convenir tant aux conducteurs de petite que de grande taille. L’espace est amplement suffisant pour que le pilote puisse se déplacer latéralement pour faire des transferts de poids prononcés.
L’instrumentation numérique à cristaux liquides, qui est rétroéclairée d’une couleur ambrée, est directement empruntée au Renegade. Elle est disposée sur le capot avant dans une nacelle légèrement surélevée. Les informations fournies sont abondantes pour un si petit indicateur : vitesse, odomètre, jauge à carburant, mode de traction engagé, rapport de transmission engagé. Une série de témoins lumineux vous renseignera sur d’autres paramètres : phare de route, haute température, bas niveau d’essence, etc.
L’éclairage de type halogène est d’une puissance de 35W par phare. Contrairement à ce qu’on craignait, l’efficacité est très correcte pour une technologie de ce type. De plus, il n’y a pas de zone d’ombre dans le faisceau lumineux des phares
Un mot sur les équipements du Mossy Oak Hunter Edition
En développant son édition spéciale adressée aux chasseurs, Can Am a bien cerné les besoins d’un Nemrod émérite et pourvoit le véhicule d’à peu près tous les équipements que pourra désirer un chasseur dans l’action. L’équipement installé par Can Am est de très bonne qualité et ne vous laissera pas en plan dans le fond de la forêt. Le Mossy Oak Huneter Edition est muni d’usine des équipements suivants :
- Le véhicule testé est équipé de roues d’aluminium noires de 12 pouces chaussées avec des pneus ACT HD à 6 plis de 26 pouces.
- On constate également que des plaques de protection en aluminium ont été boulonnées sous les marchepieds, sous le moteur et à l’avant.
- Le treuil d’une capacité de 3000 lb est construit par la compagnie américaine Warn qui jouit d’une excellente réputation de durabilité. Pour l’agrément de celui qui voudra sortir son buck d’un trou mal fourré, il pourra compter sur un tambour débrayable pour sortir rapidement les 50 pieds de câble.
- Le fabricant Kolpin, un autre qui a bonne réputation, a été sélectionné pour équiper le VTT. L’étui rigide à fusil 6.0 Impact, bien qu’encombrant en conduisant le VTT, protégera efficacement votre arme et sa lunette de visée durant son transport grâce à la mousse de densité variable qui pourra être modulée pour s’ajuster à votre arme.
- Les supports universels à pinces et cliquets en caoutchoucs Kolpin (gear grips) sont compatibles avec les attaches Linq des porte-bagages du quad et peuvent transporter des objets de grosseurs variables tels qu’un arc, une canne à pêche, une hache, etc. Ils sont ajustables et offrent une gamme d’ajustement de 2,5cm à 10 cm, et peuvent pivoter sur 360 degrés.
- Enfin, le phare de travail Ram est totalement orientable dans la direction que vous aurez besoin grâce au système de fixation solide à double bille RAM et offre un faisceau lumineux large pour travailler de 37.5w de puissance.
Comportement et puissance
Le Outlander L a un argument que les autres compétiteurs de cette catégorie n’ont pas : un moteur bicylindre. Le Rotax V2, toujours alimenté par un système d’injection électronique de carburant Siemens, a été révisé cette année et a vu sa cylindrée passer à 570 cc portant sa puissance à 48hp. Il ne développe que 4 chevaux supplémentaires malgré une augmentation de la cylindrée de 13%, mais le fabricant affirme avoir préféré retravailler la courbe de couple-moteur à bas régime qui lui a progressé de 9%.
Dès que le démarreur est actionné, le chant rauque et riche, caractéristique d’un bicylindre, s’élève pour le plaisir de nos oreilles. Ce moteur aime toujours s’exprimer à haute révolution, mais nous avons remarqué que le déficit en couple à bas régime a été comblé et on ne sent plus vraiment de creux dans la courbe de puissance à ce niveau. On le sent toujours respirer d’aisance dans sa plage de prédilection qui est entre 40 et 75 km/h. Dans cette fourchette, ce VTT est vraiment agréable à piloter. La puissance est délivrée onctueusement et ne se montre jamais violente.
La puissance est transmise aux roues via une transmission automatique de type CVT. Sa calibration est adéquate et donne toujours le bon rapport pour permettre au moteur de s’exprimer de façon optimale. Toutefois, le rouage d’entrainement de notre modèle d’essai est bruyant, émettant un sifflement qui atteint son paroxysme vers 70 km/h pour devenir strident. Le frein moteur est présent de façon moyenne et est moins intrusif que dans les grosses cylindrées de la marque.
La suspension du Outlander L est indépendante aux quatre roues, ce qui contribue au confort de roulement acceptable de la machine. La suspension avant est du type double bras triangulaires oscillants laquelle offre un débattement de 22,9 cm. La suspension arrière indépendante est du type à bras tirés TTI, principe cher à Can Am.
À l’usage, on se rend compte que les suspensions du Outlander L 570 sont plus raides que celle de la famille des Outlander réguliers. La suspension est plus bondissante dans les cahots, mais n’a pas de rebond impromptu qui surprendra le conducteur. L’utilisateur qui aime les suspensions molles à la Buick laissera les ajustements au plus mou ou devra regarder vers le Outlander régulier dont le confort de suspension est princier. Malgré tout, le rendement global de la suspension est quand même remarquable.
Sur les sentiers forestiers rapides, son comportement et sa tenue de cap ont un côté sportif plaisant qui donne l’impression de piloter un Renegade 570. Le roulis est très bien maitrisé (merci aux pneus Carlisle ACT HD à 6 plis) et même en sollicitant fortement les freins ou en changeant brusquement de direction, l’avant s’affaisse peu. On prend plaisir à lancer le quad à l’assaut des courbes successives en faisant rugir le moteur. Can Am a réussi à lui donner une personnalité propre qui est plus jeune que celle des Outlander de haut de gamme.
La servodirection offerte a trois niveaux d’ajustement. Elle ne transmet aucune secousse ni de guidonnage par rapport aux accidents de terrain ou de roulières séchées dans la boue. En mode croisière, le VTT ne présente aucun flottement dans la direction et démontre un caractère aussi imperturbable qu’un train sur ses rails. La puissance de freinage ne pose aucun problème et stoppe l’élan du quad avec autorité. La plongée du train avant est très bien contrôlée et le quad freine en ligne droite.
Muni d’un réservoir d’essence de 20,5 litres, le Outlander L 570 présente une consommation frugale de 9l/100 km. Le quad a donc une autonomie théorique enviable oscillant autour 220 km avant la panne sèche.
Côté traction 4×4, le quad est muni d’un système 4×4 débrayable électriquement à la volée par un bouton au guidon. Le Outlander L est muni du système Visco-Lok qui barre le différentiel avant dès qu’il détecte une perte de traction d’une roue pour transmettre la puissance à l’autre et ainsi, avoir une traction barrée aux quatre roues pour obtenir une motricité maximale. Testé dans la boue de terre noire jusqu’en haut des marchepieds, le quad a réussi à s’en sortir avec aisance, aidé par sa garde au sol appréciable de 10,5 pouces. Vous disposerez aussi d’une très respectable capacité de remorquage de 1300 lb.
Conclusion
Nous avons retrouvé avec satisfaction le quad qui nous avait offert une belle impression en 2015. L’expérience de conduite est bonifiée par la mise à jour du moteur qui lui a donné le tonus qui lui manquait à bas régime. La conduite au caractère ludique, vif et joueur de ce véhicule en font un véhicule agréable à vivre au fil des jours. De plus, le chasseur y trouvera un quad équipé d’usine, prêt à répondre à tous ses besoins.
Quant à la valeur pour chaque dollar demandé que nous avions saluée en 2015, nous constatons avec regrets que la garantie complète de 5 ans a été ramenée à 6 mois. De plus, le prix de la version Mossy Oak Hunter Edition, aussi équipée soit-elle, commande un prix de détail suggéré de 12 200$. Même si le prix n’est pas excessif, forcé d’admettre qu’à l’exercice de la calculette, la gamme L n’est plus le rouleau compresseur qui laminait sans pitié la compétition, qui doit soupirer de soulagement.