Depuis plusieurs années, Julie et moi prenons une semaine de congé au mois de février pour faire une randonnée hivernale en quad de quatre à cinq jours dans les Hautes-Laurentides. En effet, au lieu de prendre toutes nos vacances durant l’été, on en prend une partie en février. On apprécie beaucoup une pause durant la période hivernale, ça nous permet de recharger les batteries.
Nous avons choisi la région des Hautes-Laurentides. D’abord, c’est une très belle région à visiter avec plus de 1500 km de sentiers quatre saisons. En effet, cette région est très populaire pour les utilisateurs de véhicules hors route et plusieurs sites d’hébergement affichent souvent complet des semaines à l’avance. En conséquence, on a choisi une région où, par expérience, les sentiers ont plus de chances de rester ouverts lors des mauvaises conditions météo, en particulier les redoux et la pluie.
Quelques jours avant le départ, la météo annonce un redoux important avant et pendant la randonnée. Je prends soin de m’informer quand même aux clubs quads de la possibilité de fermer les sentiers. Parfois, ils le font dans le but de préserver la surface de roulement sur une très mince couche de neige. En effet, il y a eu très peu de précipitations de neige durant la période de décembre 2023 à février 2024. La majorité a répondu qu’il n’y aura pas de fermeture. C’est un « go » ! Malgré cela, certains trajets ont été modifiés afin d’éviter de circuler sur les sections de sentiers partagés avec les motoneiges. Le but est d’éviter de les défoncer pendant la période de redoux.
Jour 1 : Saint-Michel-des-Saints vers Lac-des-Écorces
Le matin, en se levant, il fait déjà 4 dégrés Celsius et on entend l’eau couler dans les gouttières du motel. Nous nous préparons et nous allons déjeuner au restaurant. Par la suite, on se dirige directement vers la réserve faunique Rouge-Mattawin. La distance totale entre les deux postes d’essence est d’environ 140 km selon les trois destinations. Il n’y a aucun service dans la réserve. Ce sentier existe depuis 2008 et il porte le nom de « Gerry Gagnon », qui est considéré comme le « père » du quad fédéré tel qu’il est connu au Québec. C’est aussi lui qui a eu l’idée de développer ce trajet. Il y a un relais du même nom au km 48,5. Parfois, il y a du bois de chauffage, parfois il n’y en a pas.
Rouler dans la réserve faunique Rouge-Matawin
Le sentier n’est pas toujours bien déneigé et pour avoir déjà fini ce trajet sur les vapeurs d’essence, j’amène toujours un bidon de 20 litres supplémentaires par sécurité, en plus de nos deux bidons de 10 litres. Par contre, c’est un trajet que j’adore faire car c’est vraiment plaisant et rempli d’aventures. Ce n’est jamais pareil chaque fois qu’on l’emprunte, que ce soit la météo ou l’état des sentiers ou les deux.
Rendus dans la réserve faunique, il y a une mince couche de neige mouillée sur la surface de roulement sur une bonne partie du trajet. Parfois, on roule sur de la terre.
Au km 48,5 on prend une petite pause au relais « Gerry Gagnon ». La température est confortable, nous n’avons pas allumé le poêle. Saviez-vous que dans certains cas, ça prend plus d’une journée à damer le sentier. En effet, il peut arriver que l’opérateur de la dameuse couche dans ce relais. Il y a un lit escamotable à l’intérieur.
Par la suite, on se dirige vers Rivière-Rouge pour un bon dîner au restaurant. Une fois rassasiés, on reprend les sentiers pour aller vers Lac-des-Écorces, notre prochaine destination pour la nuit. Il n’y a plus de couverture de neige sur une bonne partie de ces sentiers mais avec bon fond de terre.
Jour 2 : Lac-des-Écorces vers Maniwaki
Il a neigé un peu cette nuit et la température du matin s’est légèrement refroidie à 0 degré Celsius. Après déjeuner, nous nous dirigeons vers Ferme-Neuve. À notre grand bonheur, le paysage est tout blanc durant le trajet matinal.
Afin d’éviter d’arriver trop tôt au relais de la montagne, nous visitons la région qui comprend le Parc de la montagne du Diable et le nord de celui-ci. Saviez-vous que le vrai nom de cette montagne est mont Sir-Wilfrid en hommage à Sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada de 1896 à 1911. Il y a deux légendes amérindiennes qui mentionnent que la montagne serait habitée par une créature qui s’appelle Windigo. L’une dit qu’il est un bon diable qui protège les lieux et qui attaque ceux qui veulent le détruire. L’autre version mentionne plutôt que Windigo est un monstre puissant qui a le désir de tuer et de manger ses victimes qu’il croise dans les bois. C’est de là que vient le nom de « montagne du Diable ».
À cause des températures anormalement chaudes, nous évitons d’aller visiter les chutes Windigo car le sentier pour s’y rendre est partagé avec les motoneiges. C’est un beau site à visiter, voici la photo de notre passage l’hiver passé :
Nous nous sommes rendus au relais au sommet de la montagne du Diable pour un bon dîner. Nous piquons une jasette avec le cuisiner sur place qui nous raconte de belles anecdotes. De plus, nous apprenons qu’il reste sur place pendant tout l’hiver. En effet, il y a un appartement au 2e étage du relais.
Rouler en conditions de dégel printanier
À proximité du relais, il y une nouvelle tour d’observation haute de 21 mètres, construite en 2022. En haut de la tour, on peut voir, entre autres, le grand réservoir Baskatong, la vallée de la Lièvre, le lac Windigo et le mont Tremblant. Malheureusement, lorsqu’on est monté, la visibilité au loin était partielle à cause des précipitations de neige et des bas nuages.
Nous enfourchons nos VTT et on va vers Val-Limoges pour se ravitailler en essence. Par la suite, on revient un peu sur nos pas pour faire la boucle autour du village Lac-Gatineau. Rendu à Maniwaki, les températures se sont réchauffées jusqu’à 2 degrés Celsius. Déjà qu’il n’y avait plus de couverture de neige dans ce coin, une mince couche de surface de roulement s’est dégelée et s’est transformée en boue.
Le VTT de Julie est équipé d’un nouvel ensemble de pneus et roues d’hiver plus larges d’un pouce et demi par côté. En conséquence, les pneus dépassent les ailes et arrosent généreusement la boue sur elle. Heureusement, l’hôtel avait un arrosoir de jardin sur place. Qui aurait cru qu’un jour je doive laver les VTT et Julie en plein moins de février? Je vais me souvenir longtemps de ça!
Jour 3 : Maniwaki vers Duhamel
Nous nous dirigeons vers la municipalité de Blue Sea pour aller au parc régional du Mont Morissette. À cet endroit, le sentier qui mène vers le sommet n’est pas damé et il y a de profondes roulières. Heureusement, le gel de la nuit précédente et un matin froid à -3 degrés Celsius l’ont fait durcir et nous avons pu nous rendre en haut sans problème.
À 400 mètres de hauteur, il y a une tour à feu qui a été érigée en 1930 et qui est toujours debout. Elle servait à surveiller les feux de forêt et était utilisée jusqu’aux années 60. Elle n’est plus accessible mais il y a une autre tour d’observation panoramique haute de 18 mètres juste à côté. En haut, on peut voir de nombreux lacs dont celui du Blue Sea et des montagnes tout autour. On peut aussi observer de plus près l’ancienne tour et c’est là qu’on réalise qu’il ne faut pas être peureux pour monter dedans. La structure semble frêle mais pourtant elle est solide. Après tout, elle est restée debout pendant plus de 90 ans.
Nous reprenons les sentiers pour aller vers Notre-Dame-Du-Laus pour dîner. À cet endroit, le seul restaurant du coin est fermé les lundis et mardis. Nous nous ravitaillons à l’épicerie du coin et nous allons manger sur le bord de la rivière du Lièvre. La température est assez confortable pour manger dehors et on se fait réchauffer par le soleil. Il n’y a presque pas de nuages.
Après dîner, on s’en va vers notre destination finale, Duhamel, en passant par la réserve faunique Papineau-Labelle. La surface de roulement est très belle tout le long malgré le réchauffement et un soleil fort. Quelques fonds de terre à certains endroits, sans plus.
Jour 4 : Duhamel vers Saint-Michel-des-Saints
L’hiver est finalement arrivé ce matin avec une température matinale de -12 degrés Celsius. Nous prenons un bon déjeuner et, sans plus tarder, nous embarquons sur les sentiers. En effet, l’objectif est d’arriver au point de départ pas trop tard car nous avons quatre heures de route à faire pour retourner à la maison. Il y a eu un bon gel durant la nuit et la surface des sentiers est dure, bien glacée. Quelques sections de sentiers sont cahoteuses à cause d’un manque de neige et de plus, à un endroit, un ponceau est parti.
On traverse encore la réserve faunique Papineau-Labelle et on fait le détour dans le coin du refuge Le Violon car le pont est fermé par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Il faut rouler lentement, ça semble être fraîchement bûché et, encore à cause du manque de neige, ça brasse beaucoup.
Nous nous arrêtons à un poste d’essence à Labelle pour un dernier ravitaillement en essence et en nourriture. En effet, après Labelle, comme mentionné, il n’y a aucun service jusqu’à Saint-Michel-des-Saints, une distance de 133 km. Rendus peu après l’entrée du sentier 724, nous remarquons qu’il y a eu une bonne bordée de neige. Des roulières plus profondes sont apparues sur une distance d’une quarantaine de kilomètres.
Au km 48,5, soit au relais « Gerry Gagnon », on prend une pause pour dîner. Par la suite, on fait le reste du trajet jusqu’à Saint-Michel-Des-Saints. Le sentier est plus beau, il n’y avait plus de roulières. Nous sommes arrivés à Saint-Michel-des-Saints vers 14 h 15. Nous embarquons nos VTT sur la remorque et nous sommes déjà en direction vers la maison.
Mot de la fin
Avant le début du voyage, et même pendant, il y a eu de bonnes périodes de redoux qui ont fait fondre la neige à plusieurs endroits. Les sentiers n’étaient pas toujours beaux partout, il y a eu de la roche, des roulières, fond de terre et même de la bouette. Malgré tout cela, nous avons adoré notre semaine de vacances. Cela fait partie de l’aventure et ce sont des véhicules hors route après tout! Chaque année, ce ne sont pas les mêmes conditions, c’est une surprise chaque fois.
Nous avons été chanceux de pouvoir faire ce voyage car les sentiers d’une bonne partie du Québec étaient fermés. Juste quelques rares régions où c’était encore possible de faire une randonnée hivernale en quad dans les Hautes-Laurentides.
On dit souvent que la vallée de la Matapédia est le paradis du quad en été, pour nous, les Hautes-Laurentides sont le paradis du quad en hiver. C’est une très belle région à découvrir et à parcourir. On va certainement y retourner l’année prochaine.
Au revoir et à bientôt !
