Les 29 ,30 août et 1er septembre derniers avait lieu une grande convergence du monde du quad dans le Bas-St-Laurent : le Festival Quad Matapédien. Cet événement, parmi les plus célèbres dans la collectivité quad, fêtait ses 19 ans cette année. Peut-on dire qu’après dix-neuf ans, la tenue du festival est devenue une activité redondante avec ses sempiternelles randonnées rouges et vertes qui reviennent toutes les années? Non! Absolument pas.
Cette année, le Festival a ratissé 300 quadistes qui sont venus rouler dans les sentiers. Ayant moi-même participé à plus de 11 éditions de ce festival, j’ai vu l’effervescence de plus de 700 participants venus d’aussi loin que la Pennsylvanie pour participer à l’événement. On sentait la fièvre de l’enthousiasme des festivaliers vibrer dans l’air. Disons qu’avec la moitié des participants, on sent moins le bouillonnement dans les rues de la ville. Pourtant, le président André Blouin ne s’en formalise pas. Le but du festival est de faire découvrir la région aux visiteurs de l’extérieur. « Avant, les sentiers étaient vides l’été et les hôtels ne se remplissaient que pendant le festival, explique André Blouin. Maintenant, les hôtels et les campings sont pleins de juin à septembre. Le monde vient rouler à longueur d’été. » Son affirmation s’est vérifiée lorsque le rédac-chef Steve Maillet, qui m’accompagnait, m’a affirmé qu’il allait revenir l’an prochain avec sa conjointe Isabelle qui est friande de beaux paysages à découvrir en quad. Un de plus qui a été conquis par la région!
Les randonnées :
Il y a toujours deux randonnées proposées au Festival Quad : la rouge et la verte. Durant les dernières années, on a pu constater de véritables efforts de variations de trajets, que ce soit pour des besoins de changement ou par nécessité par la transformation radicale du territoire. Ces attentions portent ses fruits, car même après plusieurs participations, on est toujours agréablement surpris par un superbe paysage qui était dans notre dos l’année d’avant.
La randonnée rouge :
La randonnée rouge est celle qui nous transporte sur les plus hauts sommets du territoire à une altitude de 3000 pieds. Avis aux intéressés, si vous voulez profiter des belvédères d’observation judicieusement placés sur la montagne Saint-Pierre à La Rédemption et sur la montagne de Val d’Irène, choisissez une journée ensoleillée.
Dès le départ, nous obliquons vers le belvédère de Val-Brillant qui offre un point de vue imprenable du majestueux lac Matapédia. Par la suite, le guide nous emmènera visiter La Vallée de la Framboise de Val-Brillant, qui a commencé en 1994 à produire framboises, gadelles et cassis. Au fil des années, ils ont développé une ligne de vins de framboises et de cassis dont plusieurs sont primés dans des concours nord-américains. On ne peut que se réjouir de la réussite de ces gens qui ont cru en leurs rêves, ont déployé de prodigieux trésors de ténacité et de travail et en récoltent maintenant les fruits.
Après la visite très intéressante, le groupe est reparti au fil du sentier pour monter sur le mont de Val d’Irène où les randonneurs pouvaient monter dans une des tours d’observation qui offraient une vue dominante des alentour et voir le radar météo qui sert à faire les observations du ciel de l’est du Québec. En redescendant de la montagne, nous reprenons l’ancien réseau de sentiers qui a fait la renommée du club de VTT de la Matapédia. On peut profiter de plusieurs points de vue bien aménagés par le club tel que l’observatoire à Poilu qui surplombe de haut un lac, la chute du ruisseau Alfred que l’on peut contempler avec sur un belvédère. En approchant la montagne St-Pierre, les sentiers serpentent au fil des courbes de niveau de la montagne et s’accrochent à son flanc. D’un côté, on doit lever la tête pour suivre la pente qui nous surplombe.
Après le diner qui a été servi à la Rédemption, nous nous dirigeons vers la montagne St-Pierre pour aller à la tour d’observation qui y a été construite par le club. En grimpant le flanc jusqu’au sommet situé à 3000 pieds, on sent la température se rafraichir de quelques degrés. Évidemment, en plus de la tour, on ne peut manquer de remarquer la forêt d’éoliennes qui font tourner lentement leurs pales blanches dans le soleil. En effet, le parc d’éoliennes du Lac Alfred, qui a été installé dans la région en 2012 et 2013, compte 150 éoliennes et couvre une superficie de 16 800 hectares. Il s’agit du plus grand parc d’éoliennes construit au Canada. Chacune des éoliennes a nécessité la construction de chemins d’accès déboisés sur 200 pieds de large, avec aplanissement des dénivelés de terrains en pente constante pour permettre le transport des convois de pièces hors normes ou des grues géantes. Tout un saccage d’un milieu naturel sauvage pour implanter, tout aussi ironique que cela peut l’être quand on y pense, un moyen de production d’énergie verte et renouvelable au nom de l’environnement. Pour l’absence d’empreinte écologique, on repassera!
Bien que les chemins forestiers soient monotones à rouler, on éprouve un certain plaisir à voir apparaitre un groupe d’éoliennes au détour d’une courbe ou en arrivant en haut d’une côte.
Enfin le groupe s’arrête au Camp de la grippe espagnole qui est un mémorial érigé sur l’emplacement d’un ancien camp de bûcherons qui souligne le décès tragique de bûcherons durant l’automne 1918 par la grippe espagnole. Rénové depuis quelques années, ce site nous incite à l’introspection et à songer combien la vie était difficile à cette époque.
La randonnée verte :
Le lendemain, nous commençons la randonnée dans un nouveau sentier qui nous conduit vers les chutes à Philomène. Enfin, nous pouvons voir en vrai la passerelle qui surplombe la chute qui a une hauteur de 100 pieds. Cette construction, qui est un attrait touristique de grande qualité, devient un joyau pour la région. Les plus courageux pourront aller voir la chute de près en descendant les 207 marches de l’escalier. La journée commence raide en mettant à l’épreuve votre cardio, mais la descente en vaut la peine. À peine remontés, nous repartons encore haletants vers le deuxième point de visite.
Nous arrivons à la ferme apicole Miel Vallée Fleurie qui est une autre petite entreprise de production de produits du terroir. Leurs produits sont présentés dans une boutique décorée comme un ancien magasin général avec des meubles en bois superbes faits par le propriétaire qui est aussi ébéniste. Leur spécialité est la production de toute sorte de miel : miel de trèfle, miel crémeux, miel forestier et des petites douceurs succulentes comme les petits pots de chocolat fondant au miel ou de caramel au miel.
Suivra une visite du site des Chutes et Marais de la rivière Causapscal. Initialement, ce site a été développé dans un but de protection du saumon contre le braconnage en retenant les géniteurs dans une fosse avec une barrière de retenue gardée 24 heures par jour. Le site était déjà impressionnant, car on pouvait voir un saumon sauter hors de l’eau de temps à autre. De plus, près de la barrière, nous pouvons voir les nageoires dorsales des saumons qui nagent au fil de l’eau, le nez dans le courant. Au cours des dernières années, un volet d’interprétation du saumon a été développé et une salle d’exposition a été aménagée. Une caméra immergée transmet l’image des saumons qui nagent dans la fosse sur un écran installé dans la salle d’exposition. Une belle visite intéressante, instructive et surtout inattendue aussi loin dans les bois.
En après-midi, nous roulons dans une succession de sentiers situés en sentiers forestiers étroits (comme je les aime), puis dans des champs de fourrage ou blonds de grains murs prêts à être récoltés. Puis au détour d’une courbe surgit un belvédère en haut d’une montagne au pied de laquelle s’étend le village St-Léon-le-Grand. Spectacle caractérisant bien le caractère agricole et forestier de la région, nous pouvons apprécier la mosaïque des champs verts ou blonds, des lots boisés, le tout déroulé sur les flancs ondoyants de la vallée de la rivière Humqui.
C’est ici que tout est possible
Le Festival Quad Matapédien est une formidable machine rassembleuse pour promouvoir l’aspect festif de l’activité du quad aux habitants de la région et guider les visiteurs. Toutes les considérables ressources des bénévoles du club sont mobilisées pour la réussite du festival.
Quoiqu’on en dise, le Club VTT de la Matapédia a planté dans le sol les jalons d’un modèle de gestion de club de VHR qui fait école dans le monde du quad, et ce jusqu’en dehors des frontières du Québec. Lorsqu’on se remémore l’historique des réalisations de l’équipe des bénévoles, on ne peut que constater que le club a toujours été précurseur dans la conduite de l’exploitation du club :
- Premiers à installer une signalisation complète qui dirigera toujours le visiteur vers son objectif. On retrouve même aux intersections un panneau « vous êtes ici » avec la position présentée sur une carte. En 2003, ils installent des panneaux indiquant les noms des propriétaires terriens avec le mot merci en reconnaissance du fait que les 650km de sentiers n’existent que grâce à leur générosité de céder un droit de passage.
- Implantation des quatre tours d’observation judicieusement localisées sur le territoire, de bancs de parc et de tables de pique-nique en plastique recyclé.
- Prise en charge et réfection d’à peu près toutes les passerelles et ponts suspendus sur son territoire, même quelques-unes qu’ils n’utilisent pas. Dans le même esprit, réfection d’installations touristiques d’autres partenaires, mais utilisées par les quads. Cela est excellent pour l’acceptabilité sociale.
- À l’automne 2018, le Club est maitre d’œuvre de l’érection d’une passerelle qui surplombe les chutes à Philomène. Ce belvédère, déjà célèbre dans tout le Québec, démontre la générosité d’une organisation quad qui pourvoit la communauté d’un attrait touristique accessible à tous, même aux personnes en fauteuil roulant.
- Participation aux concours d’excellence et méritas du tourisme. Oui, le Club a gagné en 2002 et 2006 le grand prix du tourisme de la Gaspésie et en 2014, lauréat d’un grand prix du Tourisme du Québec – excellence touristique, région Gaspésie.
Sur le terrain, on sent les résultats de cette recherche d’excellence et d’innovation pour faire connaitre positivement l’activité du quad. Les gens parlent du quad comme étant une ressource touristique et non pas comme une nuisance. On voit le sourire des marchands lorsqu’on se présente dans leur commerce. La population a pris conscience que les quads, au-delà du comportement répréhensible de quelques têtes brûlées, apportent une manne vraiment appréciable dans la région. Car ici survient l’impensable : les quads apportent plus d’argent dans l’économie locale que les motoneiges…