Depuis quelques années, Yamaha fait de grands efforts pour reprendre la place dans les créneaux du marché des véhicules côte-à côte (VCC) avec trois modèles qui sont imprégnés de la culture de Yamaha. En effet, Yamaha ne se contente pas d’imiter bêtement les meneurs du marché et suit son propre sentier pour proposer sur le marché trois véhicules distinctifs : pour les travaux, le Viking avec 3 sièges baquets et sa déclinaison à 6 passagers se charge de la besogne. La mission de représenter les couleurs de la compagnie au niveau performance revient au YXZ1000R avec son explosif tricylindre Genesis et sa transmission manuelle séquentielle à 5 vitesses. Le Wolverine, un nom utilisé depuis des lunes chez Yamaha, présente la vision du constructeur de ce que doit être un VCC de randonnée.
Nous avons donc pu essayer, grâce à la gentillesse de Jacques Pelletier de chez Pelletier Motosports à Rivière-du-Loup, un Wolverine X4 850 2018 dans sa version de base avec EPS. À part quelques ajustements mineurs comme les roues en aluminium maintenant standard et des agencements de couleur, les années-modèles 2018 et 2019 sont mécaniquement identiques.
Carrosserie et finition
Le Wolverine est offert en version à deux ou quatre passagers. Bien sûr, ils partagent des éléments comme le châssis de base, l’habitacle à l’avant et le design de carrosserie qui est fort bien réussi. Bien que l’appréciation de l’apparence soit subjective, on peut penser sans aucun doute que la ligne du capot nervuré plongeant vers les phares soit d’un dessin consensuel. Ces derniers ont un regard froncé menaçant qui fait peut-être référence au nom Wolverine, mais qui produit un bel effet volontaire. Soulignant davantage l’aspect baroudeur du véhicule, l’avant est aussi muni par un pare-chocs dans lequel l’espace pour fixer un treuil électrique est déjà prévu. En examinant de près l’assemblage de carrosserie et des éléments mécaniques, on constate que Yamaha n’a pas lésiné sur la qualité des composantes ni de leur mise en œuvre. En soulevant le capot, on observe que toutes les composantes nécessitant un entretien y ont été regroupées : batterie, panneau de fusible, filtre à air, bouchon de remplissage du radiateur, petits outils d’urgence. On y retrouve même la clef-valet qui permet de limiter la vitesse du véhicule!
Prendre place derrière le volant est facile, même pour un gaillard de 1,90 m. L’assise plutôt élevée laisse beaucoup de place pour les jambes, surtout que le siège du conducteur est muni d’un ajustement d’avant en arrière de 3,9 pouces. De même, la colonne de direction est munie d’un levier qui permet d’ajuster sa hauteur sur une bonne amplitude. Les baquets se révèlent confortables même après quelques heures de randonnée.
Une fois installé, le conducteur se retrouve derrière un tableau de bord plutôt austère, mais pleinement fonctionnel. À la gauche du volant, on retrouve deux gros commutateurs ronds: le premier contrôle le système de traction du véhicule (2WD, 4WD, Verrouillage de différentiel) et le second contrôle les phares (Off, Low beam, Hi beam). À la droite, on retrouve un témoin lumineux de rappel de ceinture de sécurité, de porter le casque et le cadran indicateur qui donne toutes les informations pertinentes : vitesse (information principale), le niveau de carburant, odomètre avec 2 totalisateurs journaliers, mode de traction et rapport de transmission engagée, et en sous-menu avec bouton sélecteur : niveau voltage, révolution moteur, température du moteur. Les deux sièges sont séparés par une large console sur laquelle logent le levier de frein de stationnement et le levier de sélecteur de vitesse. Elle contient également 2 porte-bouteilles efficaces qui ont retenu nos bouteilles d’eau toute la journée et un espace de rangement de bonne dimension. Le couvercle de cet espace de rangement forme un appuie-bras qui est juste à la bonne hauteur et est pleinement utilisable. Enfin, un coffre à gants étanche devant le passager complète le rangement à l’avant. Les similitudes entre les versions à deux ou quatre passagers s’arrêtent ici.
En continuant le tour du propriétaire, on constate avec satisfaction que le véhicule est muni d’usine de portes rigides complètes qui protègeront efficacement les passagers des éclaboussures des roues. Enfin, on s’attarde à la benne qui est munie d’un panneau à l’arrière et de feux rouges de type DEL. Sur la version X4, elle ne peut basculer, car elle est conçue pour contenir les sièges des deux passagers supplémentaires. Accessibles par des portes plus petites, les baquets sont identiques à ceux à l’avant, mais l’espace pour les pieds est beaucoup plus restreint pour les pieds, car le capot moteur est passablement intrusif dans l’espace disponible. Astuce proposée par Yamaha, les sièges peuvent être repliés par l’avant afin de libérer le plancher de la benne. L’opération se fait sans outils et l’assise du siège se lève en basculant, permettant au dossier d’avancer vers l’avant sur des rails vissés au plancher. Les boucles de ceinture s’escamotent dans un espace sous le plancher. L’espace ainsi dégagé dans la benne est restreint, mais est quand même supérieur à celui offert par un Polaris RZR. Bel effort de Yamaha!
Même si la benne n’est pas conçue pour le travail d’abord, le Wolvie X4 ne renie pas ses gênes de robustesse, car Yamaha certifie une capacité de remorquage de 2000 livres, via le récepteur d’attelage de 2 pouces.
Moteur, transmission et suspension
Le Wolverine abrite un nouveau moteur de 850cc à 2 cylindres dans la version X4 et aussi dans le X2 pour l’année modèle 2019. La présence d’un tel moteur dans le cadre d’un véhicule hors route de Yamaha est une véritable révolution que plusieurs attendaient depuis longtemps. (Note : ok, faisons abstraction du YXZ1000R avec son moteur Genesis et de l’unique Banshee et son moteur bicylindre 2 temps). Ce moteur adopte une configuration en ligne compacte à injection électronique, qui respire via quatre soupapes par cylindre et produit 69 chevaux qui le place dans la bonne moyenne de la catégorie.
Le Wolverine est équipé avec la transmission Ultramatic de type CVT qui est une des meilleures, sinon la meilleure transmission à variation continue sur le marché. Elle démontre une fiabilité exemplaire depuis plus de 20 ans. Il s’agit d’une transmission dont la courroie est à prise constante qui ne donne pas de secousses lors de son utilisation. La transmission possède une gamme haute et basse que l’on sélectionne à partir du levier de vitesse. La traction à quatre roues motrices peut se sélectionner en roulant via la molette de sélection au tableau de bord. Ladite molette permet aussi de verrouiller le différentiel avant, mais il faut immobiliser le véhicule pour le faire.
Les solutions techniques mises en place pour les suspensions ne sont pas en reste. À l’avant et à l’arrière, nous retrouvons une suspension à double triangulation avec barre antiroulis et amortisseurs ajustables à cinq positions. Alors que les amortisseurs KYB avant sont à l’azote, Yamaha a installé à l’arrière des amortisseurs Nivomat Sachs autonivelant qui maintiendront l’assiette du véhicule, peu importe si le véhicule est chargé ou non. Les suspensions ont un débattement de 9,7 pouces à l’avant et de 8,7 pouces à l’arrière. Grâce aux bras de suspension arqués, la garde au sol du véhicule est de 10,7 pouces.
Comportement
Tel que mentionné auparavant, prendre place dans le Wolverine ne pose aucun problème. Une fois les ceintures bouclées, on tourne la clef pour lancer le moteur… et on constate que celui-ci s’exécute dans la plus grande civilité en tournant doucement et rondement. Le bruit est vraiment davantage contenu que dans la majorité des VCC. On note aussi l’absence de vibrations transmises au véhicule. Les efforts de Yamaha de contrôler le « NHR » (noise, harsness vibrations) au niveau de l’échappement 2-en-1 en acier inoxydable et des supports de moteur en caoutchouc portent fruit. En engageant le rapport de la transmission, on apprécie aussi l’absence de délai de réponse qui contribue à la précision globale de fonctionnement du véhicule. En accélération soutenue, on apprécie tout d’abord la poussée du moteur qui démontre un très bon tonus. Rien de très impétueux, mais l’accélération se poursuit sur la longue courbe de puissance qui ne s’essouffle qu’à la vitesse maximale limitée électroniquement à 79 km/h. Peu importe que l’on roule sur le plat ou dans de longues pentes, la puissance est toujours délivrée façon satisfaisante. Mais c’est le silence dans la cabine qui retient davantage l’attention, car on entend davantage le grondement des pneus Maxxis sur le sol que le rugissement de la mécanique. On peut tenir une conversation à hauteur de voix normale sans problèmes.
La suspension fait un travail de très bon niveau pour contrôler les mouvements de caisse. Bien qu’un peu bondissante à basse vitesse, elle absorbe bien les cahots et crevasses du sentier à vitesse de croisière. En virage soutenu, le roulis est très bien maitrisé, ce qui est rassurant pour le conducteur qui enchaine une succession de virages. La direction est munie d’une servodirection sensible à la vitesse qui est précise et donne tout de même un bon ressenti de ce qui se passe sous les roues. Le Wolverine n’est pas dans les VCC plus rapides sur le marché, mais grâce à sa tenue de route douce et prévisible, au confort de ses quatre sièges et surtout au bruit contenu de sa mécanique, il offre aux occupants une expérience de randonnée décontractée. Le Wolverine démontre une belle aisance sans ses déplacements, se faufilant sans effort dans les sentiers serrés ou en roulant sur des rails à 70 km/h sur un chemin forestier.
Les versions 2019 et équipements d’origine:
Bien que nous ayons à notre disposition un modèle 2018, très peu de choses ont changé sur l’année modèle 2019 si ce n’est que les couleurs et les roues d’aluminium qui sont maintenant incluses de base. Pour 2019, les couleurs disponibles sont le rouge bourgogne et le camo. La version SE se voit dotée d’une carrosserie peinte et les couleurs offertes sont bleu et bleu mat. Des décalcomanies de couleur contrastantes pimentent l’apparence.
Soulignons également la très grande disponibilité de pièces d’origine qui pourront vous permettre d’équiper le Wolvie exactement selon vos besoins. L’éventail, très large, passe du simple pare-brise jusqu’à la cabine fermée complète en passant par les systèmes de son, essuie-glace, support de pneu de secours arrière, etc. Il est fort probable que Yamaha ait en catalogue tous les accessoires auxquels vous pouvez penser.
En conclusion :
L’essai du Yamaha Wolverine X4 a été une agréable expérience qui nous a permis d’apprécier le haut niveau de quiétude et le raffinement général lors de la conduite de ce véhicule. Le véhicule offre un bon amalgame de performances qui satisfera la très grande majorité des usagers de VCC : puissance adéquate en fonction de l’usage, confort de très bon niveau et tenue de route en plus d’un espace à l’intérieur dégagé. Soulignons également la versatilité de la benne arrière dans laquelle les sièges se replient en 15 secondes. Avec le Wolvie, Yamaha offre un véhicule très compétent qui n’a pas été développé pour suivre le train de la recherche de puissance, mais plutôt pour offrir la versatilité d’un couteau suisse dans un environnement aussi paisible que possible.